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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Brumepin Brumepin Mode Lecture - Citer - 09/06/2015 20:22:59

- Bien, Avatar Korra, c'est à vous de trancher maintenant.

Tenzin avait prononcé ces mots. Comme il s'était habitué à le faire depuis bien trop longtemps. Cinq ans, à dire vrai. Et Korra était lasse de devoir trancher une nouvelle fois. Elle scruta le conseil, désabusée. Quel cirque franchement !
À sa gauche, Suyin Beifong siégeait fière et droite comme elle l'avait toujours été. Korra admirait sa personnalité. Mais elle détestait profondément Suyin quand elle se mettait à défendre les intérêts du clan du métal. Les incartades avec Tenzin se montraient souvent vigoureuses. Tous deux siégeaient l'un en face de l'autre, tous deux connaissaient les dossiers sur le bout des doigts et tous deux avaient une vision totalement différentes sur la manière de gérer ce monde. Là où Tenzin prêchait l'harmonie et la préservation de la nature, Suyin rétorquait par le progrès et l'industrie. Les disputes pouvaient durer des heures et les autres membres du conseil parvenaient rarement en placer une.
Parmi les membres du conseil, il y avait aussi le premier ministre du royaume fédéré de la Terre : Haru. Cela faisait trois ans qu'il avait été élu. Trois ans qu'il résumait sa vison de la politique à Ba Sing See, son fief électoral. Trois ans qu'il tirait les débats vers le bas. Suyin Beifong s'en accommodait. Tenzin l'exécrait au plus haut point. Il était l'incarnation de la politique dans sa pire espèce. Il n'avait aucune conviction. Juste de l'influence. Le leader du royaume fédéré de la Terre avait gagné l'élection grâce à une campagne bien sentie à l'égard des sbires de Kuvira. Il avait ainsi acquis de la popularité bien au delà du royaume de la Terre. D'ailleurs, le lendemain de son élection avait failli tourner au bain de sang. Korra avait dû intervenir pour le raisonner. Au final, le premier ministre Haru avait accordé l'amnistie aux ex-partisans de Kuvira alors que son programme leur réservait la peine capitale.
En face d'Haru, l'émissaire de la nation du feu : Mung se montrait souvent impassible. Il parlait peu. La nation du feu connaissait une nouvelle ère de prospérité économique. Il détenait suffisamment de richesse pour influer lourdement sur les négociations. Quelques mots, quelques menaces suffisaient... Suyin avait dû plier plus d'une fois sous les assauts de Mung en matière économique, sous peine de voir plusieurs investissements flambant quitter le clan du métal. Mung était rude en affaire mais il avait toujours le souci de la paix. C'est lui d'ailleurs qui avait rédigé le traité avec les nomades de l'air. Alors que le temple de l'air austral avait été détruit par Zaheer, la nation du feu avait proposé aux nomades de l'air de leur céder une de leur montagne. Les nomades de l'air pouvait y construire un nouveau temple. Ce don devait sceller la fin des hostilités entre la nation du feu et des nomades de l'air enfin reconstitués. Ironie de l'Histoire, la nation du feu et les nomades de l'air formaient désormais une véritable alliance. Rarement Tenzin et Mung votaient de manière différente.
Ils pouvaient compter avec eux, le président Raïko. Représentant de la cité de la République et des profanes (non-maîtres). Il avait longtemps pratiqué la politique de la chaise vide quand le conseil des peuples unis avait été instauré cinq ans auparavant. Il arguait que la cité de la République pouvait régir à elle seule moult accords internationaux... c'était sans compter sur Mung, Tenzin et Suyin qui connaissaient ses talents de fins politiciens. Ils avaient eu raison de s'en méfier. Raïko était pugnace, le faire plier n'était pas une mince affaire. Il avait négocié durement sa venue au conseil des peuples unis. Il avait exigé que tous les profanes qui le désiraient pouvaient participer à l'élection du président de la cité de la République. Qu'ils en soient habitant ou non. Suyin avait accepté sans problème, elle ne comptait que des maîtres dans son clan du métal. Tenzin aussi, pour les mêmes raisons. Il n'était pas concerné par le problème. Les autres furent plus difficiles à convaincre. Haru craignait d'y perdre une partie importante de son corps électoral... et il se rappela que Ba Sing See était principalement composée de maîtres de la Terre. Il accorda ce droit au profane, cela faisait des voix en moins pour ses adversaires. Au sein de la nation du feu, l'idée d'élire des représentants n'avait encore effleuré l'esprit de personne. Les choses s'étaient arrangées depuis. En accordant aux profanes, le droit de voter pour le président de la cité de la République, la nation du feu s'était doté d'un parlement dans ses institutions Un parlement exclusivement réservé aux maîtres et qui n'avait pas de réels pouvoir.
Quant aux tribus de l'eau... que dire ?
Leur représentante était certainement la membre des plus inutiles du conseil. Les tribus de l'eau retardaient tout ! Sur la question de savoir si les profanes pouvaient élire ou non le président de la cité de la République, La représentante Kanna s'était d'abord abstenue le temps de demander l'avis des chefs des tribus du sud et des tribus du nord. Le sud y était favorable, mais le nord n'y étaient pas considérant que si une telle « fantaisie » était accordée aux profanes, les maîtres demanderaient eux-aussi leur parlement comme ce fut le cas dans la nation du feu. L'autorité des anciens auraient été remise en cause. Ainsi, Kanna était revenue avec un non de la part des tribus de l'eau. Vexé par ce non, Raïko retarda encore sa venue au conseil des peuples unis. Dans le même temps, la tribu du sud profita de cet incident diplomatique pour crier à l'irresponsabilité de la tribu du nord. D'après le sud, le nord disait toujours non à tout et provoquait ainsi l'isolement international des tribus de l'eau. Les plaies de la guerre civile étaient encore vives et un second conflit faillit encore se déclarer. In extremis, Korra avait réunis les responsables des tribus de l'eau. Le compromis qui fut trouvé ne lui convenait pas mais il arrangeait les deux parties et surtout, il permettait d'éviter un nouveau conflit. L'arrangement prévoyait que seule la tribu du sud n'accorde ce droit de vote aux profanes. Ceci arrangeait le nord qui considérait les profanes comme des parias. Assurément, les profanes prendrait une bonne fois pour toute la direction du sud. La tribu du sud quant à elle y voyait un moyen de faire croître sa population et son économie. Il était vrai que sur ce plan-là, elle avait beaucoup de retard à rattraper.
Ainsi, Raïko satisfait de représenter bien plus qu'une ville sur une presqu'île avait daigné prendre le siège qui lui était attribué...
Sauf qu'après réflexion, Korra se serait bien passé de ce siège ! Les membres du conseil des peuples unis s'étaient rendus compte qu'ils étaient six, soit un nombre pair. Et les égalités arrivaient souvent, trop souvent lorsqu'il s'agissait de prendre des décisions importantes. Dans pareille situation, qui de mieux que l'avatar pour trancher lorsqu'une égalité coriace se présentait aux responsables des peuples. Le conseil vota à l'unanimité un septième siège. Il était destiné à l'avatar. C'était à lui que reviendrait la responsabilité de trancher lorsqu'un désaccord manifeste se présentait. Il était aussi le seul membre à être pourvu d'un droit de veto.
Et voilà comment Korra s'était retrouvé à diriger ce conseil sans qu'elle ne demandât rien.

- Avatar Korra, nous attendons votre décision.

Tenzin insistait. La question était délicate. Les profanes des tribus du nord avaient réclamé un corridor sécurisé pour pouvoir se rendre au sud. Problème : ce corridor traversait le royaume de la Terre. Suyin, solidaire du royaume de la Terre, s'y était opposé. Tenzin y était favorable, pour la solidarité devait venir du royaume de la Terre, qui pouvait bien se passer d'une partie de son immense territoire. Kanna, sans surprise, s'était abstenue. Elle fut imitée par Mung. L'émissaire de la nation du feu rejoignait l'avis de Suyin mais je voulais pas voter à l'encontre de Tenzin. Evidemment, Haru avait voté contre et Raïko avait voté pour. Une fois de plus, Korra devait partager les deux camps. Alors elle fit comme elle avait l'habitude de le faire. Elle commença en pointant Suyin.

- Ams – tram – gram

Tenzin lança un soupir désolé. Malgré ses trente ans, Korra demeurait une véritable tête de bourrique. Elle refusait d'entrer dans son rôle d'avatar.

- Pic et – pic – et – co – lé – gram

Mung gardait son visage vide de toute émotion, Raïko se délectait de ce spectacle pathétique. La preuve, selon lui, que ce conseil ne rimait à rien.

- Bourre et – Bourre et – ratatam

Suyin eut du mal à contenir sa colère cette fois. Les traits de son visage étaient tendus. Elle avait travaillé nuit et jour pour démontrer que ce corridor créerait des tensions parmi les peuples de la Terre. Voir son travail réduit au hasard, la révulsait. Korra se rendait-elle compte de ce qu'elle faisait ? Evacuer tous les points de l'ordre jour au hasard, était irrespectueux et inconscient. D'ailleurs, la presse ne manquait jamais de pointer du doigt les incohérences des décisions du conseil.

- Ams – Tram – gram

Le doigt de Korra pointa le premier ministre Haru. Tout le monde savait ce que cela signifiait. Le représentant du royaume de la terre afficha un sourire satisfait.

- Haru !, s'exclama Korra.
- Monsieur le premier ministre, rectifia le politicien
- Oh, vous savez pour moi, c'est la même chose.

Le maître de la Terre se rembrunit, vexé. Il aimait se faire rappeler l'importance de son tire à chaque fois que quelqu'un lui adressait la parole. L'avatar s'y refusait ostensiblement. Korra, en son for intérieur, était tout à fait consciente que ce procédé le dérangeait. Elle mésestimait Haru avec la même aversion que Tenzin. Elle ne loupait pas une seule de occasion de lui rappeler que la dirigeante, dans ce monde, c'était elle et personne d'autre.

- Rappelez-moi, Haru, vous avez voté contre cette proposition. C'est bien ça ?
- Tout à fait, avatar Korra.
- Très bien, vous avez gagné le gros lot. Votre voix compte double aujourd'hui. Le projet est rejeté !

Tenzin eut du mal à contenir un cri de rage. Il savait que la décision de Korra n'était pas discutable. Néanmoins, il contraignait des milliers de profanes à demeurer dans la tribu du Nord. Un silence pesant s'installa au sein du conseil. Korra le brisa en quelques secondes.

- Bien, voyons voir les autres points de l'ordre du jour. Oh, il n'y en a plus ! Mes amis, je déclare ce conseil clos. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine.

Et sans que personne ne put lui dire quoique ce soit, Korra se leva et franchit qu'un pas vif la porte principale que des majordomes venaient de lui ouvrir. Cela aussi l'énervait. Elle savait encore ouvrir les portes toute seule !