Vous devez être connecté pour participer aux conversations !
Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Brumepin Brumepin Mode Lecture - Citer - 18/05/2015 23:46:47

Il gisait, les bras étendu en croix sur un iceberg. Une congère recouvrait son corps, seul son visage se dégageait de la poudreuse. Ces cheveux de jais avaient givré, tout comme ses lèvres. Elles n'étaient plus que de fines lames de rasoirs désormais. Sur son visage, une balafre bleu nuit avait mangé la peau qui entourait son œil gauche. La prunelle n'avait plus de paupière et son iris saphir fixait le ciel de manière constante. Le léger souffle qui s'échappait de ses narines de manière régulière indiquait qu'il était toujours vivant.
Son frère se trouvait à quelques mètres de là. Il ne souffrait d'aucune brûlure, mais ses vêtements déchiquetés indiquaient qu'ils avaient subi une déflagration importante. Ce qu'il restait de ses tresses, avait durci sous l'effet du froid. Et il respirait lui aussi quoiqu'inconscient.
Au dessus d'eux, des esprits sombres se succédaient pour maintenir ces deux corps en état de léthargie, en vie. Une tâche qu'ils avaient réussi à mener à bien pendant onze longues années. Onze longues années, que les esprits réparaient les tissus, reposaient le cerveau et relançaient le cœur quand ceci était nécessaire. Parfois, ils n'hésitaient pas à prendre possession des corps en ultime recours.

Au loin, le soleil se couchait et une nuit sans nuage s’annonçait.

Un froid sibérien tomba de nouveau sur les deux corps inanimés comme il l'avait fait chaque nuit depuis tant d'années. Les ténèbres s'abattirent avec rapidité. La lune, pleine, resplendissait et sa lumière se reflétait sur la blancheur immaculée des icebergs.
Les nuits de pleine lune, les esprits sombres avaient de travail. C'était comme si elle réconfortait, donnait de l'énergie aux gisants. Régulièrement, la pleine lune leur accordait un sursis supplémentaire. Malgré, cette apport d'énergie que l'astre nocturne accordait aux deux gisants, rien ne leur avait permis de retrouver l'entièreté de leur capacité. La pleine lune leur avait permis de survivre. Et cela était déjà beaucoup, songea le gisant qui était conscient.
Il survivait parmi la glace, impatient de pouvoir à nouveau vivre. Cela faisait onze années qu'il attendait. Bien sûr, il avait perdu le compte en route. Il savait juste que le fait même de survivre à autant de temps, enseveli sous une congère relevait du miracle. Il attendait patiemment un signe pour ce miracle prenne sens. Il commença à croire que ce signe arriverait cette nuit-même.
Depuis que les ténèbres s'étaient installées, il sentait que ces forces lui revenaient de manière plus forte qu'à l'accoutumée. Peut-être la lune était-elle plus proche cette nuit-ci. Son œil balafré fixa l'astre nocturne pour essayer de trouver un éclairage à sa question.
Ce qu'il perçut, le dérouta. La lune commençait à se noyer de plus en plus dans l'océan d'encre noire à laquelle elle était accrochée. Elle devenait de plus en plus noire. Comme si une ombre avait entrepris de la manger morceau par morceau. Au fur et à mesure que la lune disparaissait, il sentait ses forces revenir avec vigueur. À côté de lui, son frère esquissa même plusieurs mouvements. Que se passait-il ? Ce n'était pas normal. D'habitude, il tirait sa force de la présence de la lune, pas de sa disparition.
Et pourtant, malgré ses doutes, malgré ses questions, la lune continuait son extinction du ciel. Petit à petit, le noir l'emportait sur le blanc. Petit à petit, ses forces lui revenaient.
Toute sorte d'idée traversèrent l'esprit du gisant. L'équilibre dans le monde avait été rompu. Le soleil avait été anéanti et dans son éternel rôle d'équilibriste, l'avatar était parvenu à faire disparaître la lune également. C'était absurde. Le soleil avait brillé toute la journée. Il n'avait pas pu disparaître comme ça ! Et l'avatar n'aurait jamais sacrifié l'esprit de la lune. Un maître de l'eau n'aurait jamais fait ça, ni lui, ni l'avatar n'aurait eu le courage de violer ainsi le centre spirituel de la tribu du nord.
La lune n'était presque plus visible.
Et bon sang, ses forces lui revenaient ! Il tenta de bouger un bras, il y arriva. Il fit la même tentative avec une jambe. Il y arriva également. Il ne put se relever, la congère qui recouvrait son corps était bien trop lourde.
L'astre nocturne était désormais comparable à une étoile.
Il tenta une maîtrise de l'eau pour déplacer la congère. Il la réussit, péniblement. Il crut saisir une explication plausible. La lune l'avait choisi, lui, pour une mission bien particulière. Il ne savait pas laquelle. Il serait l'avatar de l'esprit lunaire dans le monde. Son représentant. Et ceci expliquait pourquoi l'astre l'avait maintenu durant tant d'années en vie. La lune lui réservait une destinée particulière et elle avait attendu le bon moment pour qu'il puisse la réaliser mais très vite, cette théorie se retrouva contrariée.
La lune s'effaça du paysage. Ses forces le quittèrent avec la même rapidité avec laquelle elles étaient revenues.

Et l'astre nocturne refit son apparition.

Rouge.

Alors, l'homme étendu sur l'iceberg se sentit revivre dans une fulgurance soudaine. Sans difficulté, il bascula son torse à la verticale, et lentement se redressa sur ses jambes. Debout, il redécouvrit les plaisirs simples dont il s'était privé sous la congère. Contempler le paysage glacial du pôle sud était une chose qu'il n'avait plus faite depuis qu'il s'était rendu à la cité de la République.
Avec tant d'eau autour de lui, il ne résista pas à la tentation de s'exercer un peu avec sa maîtrise de l'eau. Elle demeurait telle qu'elle avait toujours été : puissante, forte, vigoureuse. Il fit passer plusieurs flaques d'eau à l'état solide, puis à l'état gazeux, pour les faire revenir ensuite à l'état liquide. Il éprouvait une joie à constater que la connexion avec son élément ne l'avait jamais quittée. Elle était renforcée. Plus sûr d'elle-même, plus belle. Ses lèvres fines dessinèrent un large sur son visage. Il revivait enfin.
Il se déplaça par petit pas jusqu'au rebord de l'iceberg et découvrit le reflet de son visage à côté de celui de la lune. Cette vision d'horreur lui fit faire quelques pas à reculons. Puis il retourna constater de nouveau ce qu'il avait vu. La balafre mangeait sa figure sur le haut du côté gauche. Le froid lui avait donné une teinte bleue. Lentement, il porta sa main sur la plaie. Cela ne lui faisait pas mal. Signe qu'il n'y avait plus de nerf, ni même de chair sur cette partie de son individu.

- Non, non, c'est impossible. Comment cela a-t-il pu ?

Et il se rappela ce qu'il s'était passé. Il avait démuni l'avatar de sa maîtrise des éléments et se débattait avec son ami. Le maître du feu. Ce à quoi, il ne s'était pas attendu, c'était que le choc permette à l'avatar de maîtriser l'air et de le maîtriser lui-même. Il fut vaincu et contraint de faire un usage public de sa maîtrise de l'eau, lui qui avait prétendu pendant tant d'année être profane à toute maîtrise. Lui et son frère avait alors emprunté un esquif pour prendre la fuite et retourner au pôle sud. Leurs descendants réaliseraient le projet de Yakone.
Du moins, c'est que lui croyait. Son frère en avait décider autrement. Celui-ci, dans un geste de suicide, fit exploser le bateau à l'aide d'un gant électrique. Dans son geste mortifère, il avait eu l'intention de l'emmener lui aussi.

- Noatak...

Il se retourna brusquement. Tarlok s'était relevé lui aussi.

- … la lune.

Il jeta ses yeux vers le ciel. Il comprit ce qu'il se passait. Une éclipse de lune. Durant ce phénomène astrologique, la lune se teintait de rouge et, à l'inverse des maîtres du feu, renforçait de manière considérable le pouvoir des maîtres de l'eau et davantage encore le pouvoir des maîtres du sang. C'était cet événement et rien d'autre qui permettait d'expliquer sa résurrection et celle de son frère.
Les souvenirs se bousculèrent dans la tête de Noatak. Tout lui revenait avec de plus en plus de précision. Sa colère montait en même temps que les images défilaient dans sa tête.

- Nous sommes vivants, Noatak !

Vivant, oui, ils l'étaient. Du moins, lui le serait... Quant à son frère, il devrait se battre s'il voulait profiter de cette nouvelle chance.

- Tu ne dis rien, Noatak.

Ses yeux fixaient désormais l'horizon composé de plaques de glace, d'iceberg et d'un océan aussi rouge que le feu. Le seigneur Ozaï n'en aurait pas été mécontent. Ce souvenir le fit sourire. Ozaï avait marqué son temps, cela était sûr. Son projet pour le monde devait apporter progrès et prospérité aux peuples. Une fois de plus, il a fallu qu'un avatar se mette en travers de sa route. Rageant, vraiment... Dès lors, Noatak sut ce qu'il devait faire.
Il tourna le regard vers son frère. Son visage avait eu plus de chance ! Par contre, force était de constater que son corps avait subi davantage de séquelles. Il marchait de guingois, les épaules avachies, les traits du visages cadavériques. Comme Noatak l'avait fait avant lui, Tarlok vérifia si sa maîtrise de l'eau fonctionnait toujours. Le résultat ne se fit pas attendre, il était faible. Noatak sourit de nouveau, ça allait être un jeu d'enfant.

- J'aurais besoin d'un peu d'entraînement, tenta Tarlok pour lancer une conversation.

Il n'obtint aucune réponse. Noatak lui jetait un regard aussi glacial que l'icerberg sur lequel ils se trouvaient tous les deux. Les mêmes questions lui revenaient sans cesse : comment avaient-il pu ? Comment avait-il osé ? Le tuer, lui, son seul et unique frère. Ce n'était pas pardonnable. Il ne pouvait pas tolérer cela. Il ne devait montrer aucune clémence. Comment avait-il cru se débarrasser de lui ? Lui qui se faisait appeler Amon à la cité de la République, lui qui avait réussi le projet de leur père Yakone : prendre la ville, lui avait réussi pendant un temps donné, à briser la connexion de l'avatar avec les éléments. Il avait exécuté tout ses projets avec réussite par la force et avec l'aide des égalitaristes.
Tandis que lui, ce couard de Tarlok avait conquis le pouvoir par la politique. Pour cela, il avait fréquenté cette enflure de Tenzin. Le fils de l'avatar Aang ! Il avait réalisé des compromis avec lui, dégusté des petits fours dans les palais, écrit des discours. Tarlok avait un camp. Il l'avait même choisi depuis le début en intégrant l'avatar dans ses forces de sécurité. C'était le camp de l'avatar, le camp que lui, Noatak, combattait. Et il savait. Il savait désormais qu'il n'était plus question de faire des prisonniers. Le projet qui l'attendait, lui demandait de trancher sur des questions cruciales. Vite. Et la question qui se présentait cette nuit devant lui, via l'incarnation de son frère, allait être réglée sans délai.

- Hein, Noatak, j'aurai besoin d'entraînement ?

Sans que Noatak n'ait à bouger les bras, le corps de Tarlok se souleva du sol. Sa maîtrise du sang, renforcée par l'éclipse de Lune, lui permettait d'exercer cette maîtrise par le simple fait de la pensée. Il le découvrait à l'instant même.

- Qu'est ce que tu fais ? Arrête ! Noatak, tu ne vas pas..., tu ne vas pas me retirer ma maîtrise !

Le niais. Le pauvre bougre était loin du compte. En fait, Noatak en avait déjà marre de son petit jeu. Dans sa tête, la suite des événements se bousculaient déjà. Il était impatient de commencer le travail. Alors, il donna le coup de grâce. Tarlok sentit son cœur s'étreindre. S'étreindre de plus en plus fort. Il suffoqua, comprit ce que son frère était en train de faire, tenta de le supplier pour qu'il fasse machine arrière, mais Noatak était résolu dans sa démarche.
Il termina l'agonie de son frère en broyant l'organe vital avec la force son esprit et observa Tarlok s'éteindre sous ses yeux. Son œil dépourvu de paupière sembla se délecter de cette mort avec d'autant plus de gourmandise. Quand il s'assura que la vie avait bien quitté le corps de son frère, il le laissa chuter sur la banquise puis il utilisa sa maîtrise de l'eau pour surfer sur l'océan à la recherche du royaume de la Terre. Sur la banquise, les yeux vitreux de Tarlok continuait de fixer Noatak, du sang s'écoulait de sa bouche teintant la glace de rouge. Vu du ciel, cette tâche passait inaperçue puisque cette nuit-là, la lune s'était teinte de la même couleur.

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 19/05/2015 01:18:41

Comment j'ai eu le TROP PLUS GROS FAUX ESPOIRS DE MA LIFE ! == j'ai cru que c'était une annonce pour une nouvelle saison XD

Bon je reviendrais pour lire ça dès que possible ^^

Avatar de Brumepin Brumepin Mode Lecture - Citer - 19/05/2015 09:03:27

Bah vu comment je suis parti, ça ressemblera à une nouvelle saison.
La seule différence, c'est que ce sera écrit et pas en dessin animé ^^

Avatar de reutty reutty Mode Lecture - Citer - 20/07/2015 18:55:04

Au pire tu envoies le scénario à une maison de prod", qui sait si ça se trouve quelqu'un va accepter (ça va, je peux rêver ^^)