Le Temps des Rêves

Je n’aime pas la poésie qui contemple
les lacs le vent les hommes le temps qui passe et la nature encore qui est belle mais bien plus belle vue par mes yeux que par les mots je préfère la contempler tout seul merci ou peut-être la tête sur ton épaule pas besoin de poésie.

Je n’aime pas la poésie qui pense
Qui fait des grandes questions et des explorations intérieures qui fait de la spéléologie raffinée de la jolie spéléologie ornée décorée de révélations fulgurantes et d’émerveillement déjà trop mûr puisqu’on le dit qui donne des leçons de bonheur le bonheur on ne sait même pas qui c’est

Je n’aime pas la poésie qui veut que je fasse des efforts pour la comprendre
Je veux qu’elle me percute qu’elle m’attrape qu’elle me ballote comme une mélodie la mélodie on a pas besoin d’efforts pour la comprendre on l’entend c’est tout on ne se pose pas la question

Je n’aime pas la poésie qui parle de la guerre et des enfants qui meurent et de la politique on m’en parle déjà beaucoup à la rigueur la poésie qui parle de ce que ça me fait quand on en parle mais sinon pour ça il y a les informations et les journaux moi je veux qu’elle empoigne mes émotions qu’elle les réarrange comme ça lui chante et jouer ensuite à les remettre en place je veux bien parler de la guerre avec la poésie mais pas trop longtemps s’il vous plaît pas les mêmes mots encore, s’il vous plaît

Je n’aime pas la poésie qui se regarde elle-même c’est beau la poésie ça sert à ci ça sert à ça et le poète il est comme ci et le poète il est comme ça tirlititi taratata quand ils auront fini de se définir les poètes se mettront à écrire

Je n’aime pas la poésie qui se suffit la poésie suffisante qui se rengorge de ses jeux de mots qui fait des tours sur elle-même c’est amusant mais on ne s’en sort plus la poésie qui se contient elle-même elle n’a pas besoin de moi pour exister alors je n’ai pas besoin d’elle.

Perso, ce que tu décris là, ce sont des écueils dans lesquels je suis moi-même tombé et dans lesquels je tombe encore ^^

Je plussoie, je like, j'kif, j'adore

ouais, pareil que MKL.
Disons que ce ne sont les défauts de la poésie que quand ils versent dans l'outrance, l'exagération (ou quand tu as deux cents poèmes identiques à lire).
je n'ai pas de remarques de formes à faire, sinon que j'ai particulièrement aimé : "quand ils auront fini de se définir les poètes se mettront à écrire".
Merci pour le coup de gueule ! (On devrait afficher ce texte dans les lieux dédiés à l'écriture...)

C'est tellement vrai et tellement bien dit... Bravo ^^

Je ne résiste pas à l'envie de "uper" ce texte alors qu'il redevient d'actualité ^^

moi je l'avais manqué et je suis maintenant en dispense de PE mais je ne peux que comprendre ! J'ai été à la fois très intéressée et perturbée par l'absence de virgule qui fait qu'on peut piocher un peut n'importe quels mots et ça donne une phrase, et qui fait que quand on est crevée c'est juste impossible à lire XD j'aimerais bien faire la même chose pour les tapuscrits de romans...

J'avais écrit ce texte après avoir lu "Belle du Seigneur", de A.Cohen, avec des tirades de sept pages sans ponctuation^^.

Mince, je le note dans ma blacklist de livre à pas lire alors =. =

Mais SI ! Toi qui recherches des épiphanies littéraires ! ^^

Bon alors je le note * à reculons* Vous pourriez me le prêter ? ^^

Bien sûr qu'on peut te le prêter ! Et ce livre est une merveille de style, même si c'est une merveille d'ennui (parfois seulement, parfois^^).

Comme quoi le style et le fond peuvent parfois être complètement dissociés ^^'

(ah bah ça tombe bien : on vient de m'offrir ce bouquin)

Pour en revenir au texte, je l'aime beaucoup. Il me fait un peu penser au texte "aïe, un poète" de Jean-Pierre Siméon, dans son approche simple, franche, naïve.
Peut-être un peu long, ou bien il faut l'entendre déclamer. Oui, déclamé, il serait juste génial.
Merci pour ce beau petit coup de gueule en douceur ;-)

De rien