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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Marc Marc Mode Lecture - Citer - 28/01/2015 15:46:56

Un frère et une sœur,
Ensemble depuis le ventre de leur mère.
Un mentor et guide.
Un meneur de prédateur.
Un tailleur de montagnes.
Une épée pour vaincre.
Et le Mal sera déchu.



***



Les arbres semblaient danser au son des oiseaux qui chantaient. Toute la forêt de Finatal était en fête. Les Elfes et demi-Elfes célébraient un évènement unique dans l’histoire de leur peuple. Dix mille ans plus tôt, les premier Elfes avaient pris pied sur cette terre, et avaient commencé à bâtir leurs magnifiques cités. Leur peuple avait rapidement prospéré, et ils avaient conclu des traités avec le peuple des Nains et le peuple des Hommes, quand ces derniers avaient commencé à habiter les plaines et les montagnes. Et quand le Chaos s’était dressé, les Elfes étaient partis en guerre.
Mais en ce jour, la peine n’était pas au ren-dez-vous. Les banquets allaient bon train, la musique était joyeuse, et même les animaux prenaient part aux festivités. La forêt toute entière vibrait et frissonnait de plaisir, et les plus vieux Elfes, qui quittaient rarement leurs bibliothèques, étaient également venus rejoindre les leurs.
Delphar, fils du chef d’un clan demi-Elfe, venait d’entrer dans sa seizième année. Issu d’une nouvelle génération de demi-Elfe, son père était un Elfe, mais sa mère une Humaine. Et, dans son clan, on venait d’apprendre une autre nouvelle. Une nou-velle qui avait tôt fait de se répandre dans tout le pays, par le biais des messagers loin-tains, ces hommes et ces femmes, Elfes ou demi-Elfes, qui communiquaient par les chemins sombres et tortueux des esprits, et permettaient ainsi de porter les nouvelles rapidement, sur de longues distances.
Tous, sur terre, savaient. Les Hommes avaient oublié, les Nains en avaient fait abstraction, mais le peuple aux oreilles pointues se souvenait. Le Mal n’avait pas été entièrement vaincu. L’on attendait les jumeaux de la prophétie, l’on attendait le meneur, le tailleur de montagnes et le guide. Et l’on attendait surtout l’épée mythique, forgée par les Nains.
En cette nuit d’anniversaire pour les Elfes, le clan de Delphar avait pu assister à un évènement très rare pour les habitants de la forêt. Une mère avait mis au monde un gar-çon et une fille. Des jumeaux. Les premiers depuis de longues décennies. Et Delphar, au plus profond de son cœur, avait eu une ré-vélation. Il serait le précepteur de ces deux enfants. Il serait le mentor des sauveurs de la vie et de la liberté des peuples.
En entrant dans la maison la plus heureuse de la forêt ce soir-là, le jeune fils de chef sourit et embrassa deux petits êtres roulés en boule contre le sein de leur mère, en adressant une prière silencieuse à ses an-cêtres.
Il leur dit simplement :
Je prendrai soin d’eux. Jusqu’à la venue du Guide.

***



Ailleurs, des années plus tard

Le jeune garçon habitait non loin de la Naïas, avec ses parents et sa sœur aînée, dans la ferme familiale. Hector, un grand adolescent brun, était solidement bâti et faisait la fierté de son père, car il participait toujours aux tâches de la maisonnée, et les menait à bien. Son regard était franc et juste, et il souriait tout le temps. Leur ferme était une belle bâtisse de taille respectable, et était constituée de trois ailes accolées. La plus grande des trois comportait les pièces à vivre de la famille, à savoir une grande salle à manger munie d’une splendide cheminée – dans laquelle ils faisaient cuire un cochon tous les ans, en se remémorant les plus beaux moments passés ensemble – une cui-sine, et derrière la cheminée étaient dispo-sées deux chambres, de telle sorte que la chaleur de l’âtre se répande l’hiver dans ces deux pièces. Les deux autres parties de la ferme comportaient une grange et un grenier à foin d’une part, et une étable d’autre part. De l’avis de beaucoup de paysans voisins, c’était une belle demeure, mais méritée puisque le père d’Hector avait travaillé dur pour la construire.
Ce dernier, qui avait été blessé lors d’une bataille contre leurs ennemis héréditaires, les Altoriens, avait pu rejoindre leur foyer, mais n’était plus aussi efficace qu’avant son en-rôlement. Hector avait donc entrepris, du haut de ses quinze ans, de le remplacer. Et ce matin-là, il était parti de bonne heure couper du bois pour le feu, lorsqu’il enten-dit un jappement. Appuyant sa hache contre un tronc, il posa la main sur le manche de son couteau et s’approcha discrètement des buissons depuis lesquels étaient venus les bruits. Il en écarta doucement le feuillage, et tomba nez-à-nez avec un petit louveteau apeuré, dont les yeux exprimaient la dou-leur. Il le caressa entre les oreilles, et le prit au creux de ses bras. Mais, loin d’être satis-fait de sa découverte, il continua de pro-gresser dans la pénombre de la forêt et atteignit une clairière. Une tempête semblait avoir tout retourné sur son passage, et au centre, les restes d’un feu de camp brûlaient encore. Le sol avait été piétiné, on y voyait de nombreuses traces de bottes. Etaient visibles également des empreintes de sabots ferrés. C’est alors que le jeune garçon aperçut, un peu à l’écart, les restes d’un loup, dont la mort remontait visiblement à peu de temps. Des louveteaux avaient du essayer de défendre leur mère, et avaient été massacrés sans pitié. Ils reposaient non loin de là, après un ultime combat qui leur avait permis de rejoindre la femelle qui les avait mis au monde. Hector comprit alors qu’il tenait dans les mains le dernier petit d’une portée décimée. Il le regarda et lui dit :
« Tu seras Tempête, mon compagnon pour la vie. »
Un fugace rayon de joie apparut dans les yeux de la petite bête, qui sauta au sol et se colla aux pieds de son nouveau maître. Se retournant pour revenir au bois qu’il était chargé de ramener, le jeune homme s’apprêta à quitter la clairière, quand il vit, dans la bouche de l’un des louveteaux morts, un morceau de tissu rouge. Un rouge qu’il n’avait jamais vu, mais dont il avait entendu parler par son père. Un rouge alto-rien. Tout devint clair à ses yeux, il réalisa alors qui avait perpétré ce massacre. Il bon-dit et commença à courir, Tempête sur ses talons. Les branches le giflaient, les ronces le griffaient, mais Hector courait sans s’arrêter. Il entendit un puissant son de cor, qu’il reconnut comme étant celui de son père. Si ce dernier avait jugé utile de s’en servir, la situation était critique. Le jeune garçon accéléra. Il attrapa sa hache en pas-sant devant son tas de bois, et bientôt émer-gea du couvert des arbres. Le spectacle qui s’offrit à ses yeux le fit tomber à genoux : la ferme était en flammes, et l’on entendait des cris. Il reconnut la voix de son père, et, saisi d’une rage nouvelle, se releva et se dirigea vers la bâtisse en flamme. Il entra en trombe dans la cour, et se retrouva au milieu d’une dizaine d’hommes en tuniques rouges. Son père, au milieu de cette meute enragée et le dos contre le puits qui trônait au centre de la cour, lui jeta un regard im-plorant. Il avait ressorti sa vieille épée pour tenter de protéger sa femme et sa fille, en vain. Il avait donc décidé de les venger en emportant le plus de soldats possible avec lui vers l’au-delà. Seulement, la blessure qui lui avait permis de rentrer chez lui n’était pas guérie, et il avait beaucoup de mal à faire face à ses ennemis. Son fils ne put sup-porter la détresse de ce regard, et, affer-missant sa prise sur le manche de sa hache, chargea dans un hurlement. Le premier soldat tomba, dans un bruit sourd. Le second tenta de parer le coup qui venait vers sa tête mais ne fut pas assez prompt. Et bientôt, le jeune garçon qui, peu avant, était en train de fendre du bois se retrouva dans une mêlée sans pitié. Au bout d’un moment, il s’aperçut qu’il était seul, au milieu d’un tas de cadavres. Il se tourna vers son père, et put le voir s’effondrer. Sentant que tout son monde s’écroulait, Hector s’approcha de l’homme qui lui avait tout appris, il le prit dans ses bras.
« Hector, mon fils… Je suis fier de toi… Maintenant, pars… Ils vont revenir, plus nombreux cette fois-ci…
– Je ne vous abandonnerai pas, Père.
– Hector… Je ne… »
Sa voix s’éteignit dans un souffle, et le père quitta ce monde dans les bras de son fils. Soudain, celui-ci entendit son louveteau grogner. Un cor, identique à celui de son père, retentit. Hector se releva, se saisit de l’épée de son père et se planta dans l’ouverture du mur encerclant la propriété. En voyant une troupe à cheval s’approcher, il leva son arme en songeant qu’il allait rejoindre sa famille très rapidement. Puis il vit que les étendards étaient ceux de la Lé-gion, au sein de laquelle son père avait servi. L’homme qui commandait le détachement donna quelques ordres d’un ton sec, et, descendant de cheval, alla vers le jeune garçon.
« Tu ne te souviens peut-être pas de moi. Je suis Ketros, Général commandant la pre-mière Légion. J’étais un ami de ton père, et, sur sa mémoire, je te promets que je pren-drai soin de toi. »
Sentant les larmes venir, Hector laissa le grand soldat le prendre dans ses bras, et quitta le lieu de son enfance, talonné par un tout petit loup gris. La dernière chose qu’il entendit fut le rapport d’un des cavaliers à son sergent, auquel il annonçait l’absence d’un corps. Mais la tristesse et la douleur ne lui firent pas prêter attention à ce détail.

Avatar de Marc Marc Mode Lecture - Citer - 28/01/2015 15:48:26

J'ai pris connaissance de tous vos avis, et, même si vous voyez peu de modifications, soyez assurés que je les garde en mémoire pour le deuxième tome (en préparation)
Je n'avais simplement pas envie de modifier ceux-là... ^^

Avatar de Toti Toti Mode Lecture - Citer - 23/03/2015 13:16:59

J'aime toujours autant Petit Sourire

Avatar de Marc Marc Mode Lecture - Citer - 23/03/2015 21:04:11

Merciii!!!

J'ai lancé un compte facebook, cherchez "Marc Manlay". Je vais y mettre des petits textes assez régulièrement!

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 23/03/2015 23:09:07

Haha je vais voir ça !
Par contre je n'ai toujours pas pu me mettre à la lecture désolée :(

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 24/03/2015 00:10:21

Je préfère de loin cette version, elle a bien changé !

Avatar de Marc Marc Mode Lecture - Citer - 24/03/2015 15:49:42

Ca change un peu, Wen, donc t'en fais pas Clin d'oeil