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Arbre

Le Temps des Rêves

Avatar de Dahij Dahij Mode Lecture - Citer - 23/04/2014 17:05:38

Jusque l'horizon, une infinité de tours sombres et miroitantes de béton et d'acier défiaient un ciel tristement bleu. De mon berceau céleste j'observais ma création, ma ville. Avec la reconnaissance, j'aurais pu être un dieu parmi ces hommes.
Je ne suis ni narcissique, ni vantard. Je suis sincère. J'ai quelque chose en plus. Quelque chose qui fait que cette ville me doit tout, quelque chose qui l'a rendu meilleure. Ou plutôt qui a rendu ses habitants meilleurs.
Je ne crois pas à la hiérarchie. Nous sommes tous égaux. C'est ma seule certitude vis à vis de l'homme. Et après tout, même si Dieu me cédait sa place, je lui dirai non. Ici, je joue mon rôle, c'est tout. Ni plus, ni moins.
Vous devez vous demander pourquoi je pense avoir quelque chose en plus. C'est simple: Sous mes pieds grouillent des millions de vie. Hommes, femmes, enfants, vieillards ... et dans nos absolues différences, je sais ce qui nous rend tous égaux. Je connais la chose qui fait qu'un banquier ne vaut pas mieux qu'un plombier. Je connais le point commun entre le taulard et l'avocat. Ils sont tous venus me voir.
Tous. Je ne plaisante pas.
La politique nous fait croire que pour être égaux, il faut effacer nos différences. C'est faux. Il suffit d'un point commun. Et je suis ce point commun.

Cette ville, j'y suis depuis presque cinq ans. Alors quand je parle de "ma création", c'est assez vague mais je me comprends. Les buildings étaient là avant moi et ils tiendront longtemps après moi. Je n'ai rien changé à l'apparence de cette ville mais j'ai retourné ses entrailles, j'ai lavé son intérieur. On m'a confié une quête et je l'accompli. Je suis son purgatoire.

Avant d'arriver ici, j'avais quelques associés dans mon business. J'étais bon dans ce que je faisais. Tellement bon que je me suis fait choper. Mais c'était pas pour me mettre au trou; des gens avaient besoin de moi. Alors, ils ont effacé mon histoire pour m'en écrire une autre.
J'ai changé d'identité. Un jour, mon appartement à brûlé. Le téléphone de ma mère a du sonné ce jour là pour qu'elle apprenne que son fils unique était mort, brûlé vif. Il n'y avait plus aucune trace de ce que j'étais. A cause de mon ancien boulot, j'ai laissé peu de choses derrière moi. Je n'avais qu'un appartement et ma mère.
En contrepartie ces gens m'ont donné les ficelles du monde et beaucoup d'argent. Alors au début, j'étais carrément fou de mes liasses de billet. Puis un jour, j'ai pris conscience de la chance que j'avais. J'ai pris conscience de ma prophétie: j'étais un élu. C'est ainsi que mon job est devenu une quête spirituelle. Si vous ne me croyez pas, l'intégralité de mon salaire depuis un an est versé à des associations.

Quand je dis que tous viennent me voir, ce n'est vraiment pas une blague. Tous. Je pèse plus lourd que Bill Gates et j'ai donné au monde bien plus qu'une fenêtre. J'ai ouvert une porte. Une très grande porte.
On leur a parlé de paradis, de fruits, d'immenses richesses... Moi, je n'ai rien dis, je n'ai fait aucunes promesses. J'ai donné. J'ai créé "Eden".
J'ai créé l'indispensable, ce qui fait notre égalité: un besoin.
Dans un monde où nos possessions déterminent ce que nous sommes, j'ai créé un paradis dans lequel ce que nous sommes détermine ce que nous avons. Ceux qui manquent de personnalité, d'imagination y sont pauvres et les autres riches.
Croyez le ou non mais j'ai rééquilibré ce monde. Il y a cinq an j'ai commencé par cette ville. Aujourd'hui, Eden ouvre ses portes au monde entier, sur tous les continents.


Au final, je ne vous ai toujours pas dis ce que je fais dans la vie. Je vends de l'herbe.
Ces gens qui sont venus me chercher il y a cinq ans devaient me foutre au trou, j'étais recherché depuis longtemps. Mais quelqu'un a eu une meilleure idée.
Un "projet révolutionnaire" il disait: Eden. La démocratisation du rêve et du for intérieur à travers des salons high-tech de fumette. Au début, je dirigeais des squattes. Très vite, l'idée s'est raffinée, les riches ont voulus jouer aux gangsters et les gangsters ont joué les bourgeois. Eden est devenue incontournable. Le monde a compris qu'à l'intérieur de mes terres, les lois n'avaient plus d'effet. Ils venaient et en franchissant mes portes, ils perdaient toutes leurs possessions.
J'avais offert la quintessence du rêve à l'humanité entière. J'ai donné à un monde divisé la perception d'une unité.
Avant, on catégorisait les gens selon leur rang social, leur couleur de peau, leurs idées politiques, religieuse, philosophique. Aujourd'hui on ne pouvait plus. "Eden" avait fait de chaque homme et de chaque femme le même.
Vos athées diront que je suis fou. Vos religions diront que je suis pêcheur. Vos politiques me traiteront d'anarchiste. Et vous, dites ce que vous voulez. Il y a un jugement qui dépasse mes lois, vos lois, nos mondes et l'entendement des hommes.
J'ai peut être commis la plus grande infamie de l'humanité, je suis peut être le plus grand pêcheur que les l'univers ait vu naître.
Qu'importe, j'ai essayé de faire... quelque chose et j'ai voulu cette chose bonne. J'ai essayé de faire parti de ce monde et je l'ai voulu meilleur. J'ai essayé d'être quelqu'un et je n'avais que mes propres moyens. Et si vous pensez que j'ai fait le mal, sachez que toute ma vie, ma quête a été de bien le faire. Mes fautes sont pures.

Avatar de naniquolas naniquolas Mode Lecture - Citer - 06/05/2014 17:20:18

J'ai beaucoup aimé l'ambiance et il y a de belles petites perles (coup de cœur pour "Et si vous pensez que j'ai fait le mal, sachez que toute ma vie, ma quête a été de bien le faire"Clin d'oeil, mais je pense que le format est trop ramassé et on a trop d'informations d'un coup pour que le texte soit vraiment efficace. Beaucoup de pistes de réflexions sont coupées à peine évoquées. Quitte à faire une nouvelle, j'aurais bien aimé 5 ou 10 pages et le temps de m'imprégner du personnage et de son histoire (du coup je n'ai pas très bien compris ce qu'était Eden, au début j'imaginais une réalité virtuelle qui dépendrait de l'imagination, puis une simple fumerie d'opium, puis un salon de thé où on se drogue (en gros). J'ai trouvé le concept de "Eden" génial d'après ce que j'en ai compris, mais c'est assez confus et sur la fin je trouvais ça moins révolutionnaire qu'annoncé.

Voilà !

Merci pour cette lecture.

Avatar de Dahij Dahij Mode Lecture - Citer - 17/11/2014 17:33:18

J'ai complètement oublié cette nouvelle. Désolé naniquolas. Tu as pris le temps de la lire et je ne t'ai même pas répondu !

Effectivement, le format est ramassé. Je l'ai écrit vite, sans vraiment y penser, m'inspirant d'une nouvelle écrite à moitié et d'un thème de concours qui était "jardin de ville" ou quelque chose comme ça. Je l'avais écrite un peu sans conviction me disant que j'y reviendrais plus tard ou jamais.
Tu as compris le principal et c'était pas évident je pense, moi même je la trouve floue cette nouvelle maintenant ><

Je pense que je vais la réécrire de manière tout a fait différente. Ca fait longtemps que j'essaye d'écrire une histoire de ce genre, dystopique, un brin anarchiste. Je vais m'en inspirer.

Merci pour ta lecture et ton commentaire (:

Avatar de Wensaïlie Wensaïlie Mode Lecture - Citer - 27/04/2015 18:54:41

Au fil du texte :

Au début ça fait un peu délire mégalo puis à « Ils sont tous venus me voir.
Tous. » on commence a se demander mais qui est le narrateur ? Je pensais à un allégorie (genre la Mort, enfin en plus subtile)

Il y a quelques phrases qui manque un peu de subtilité pour le lecteur (dites trop cash à mon goût), exemple : « La politique nous fait croire que pour être égaux, il faut effacer nos différences. » ou un peu trop faciles « Je suis son purgatoire. »

J’aime bien le ton humour «
Cette ville, j'y suis depuis presque cinq ans. Alors quand je parle de "ma création", c'est assez vague mais je me comprends. » ce serait cool qu’on le trouve dès le début ?

« Je n'ai rien changé à l'apparence de cette ville mais j'ai retourné ses entrailles, »

Par fois un peu maladroit je trouve, comme si tu savais pas ce que tu voulais dire avant de l’écrire (« Avant d'arriver ici,… J'ai changé d'identité. ») et c’est pas toujours super clair (où je suis fatiguée ^^)

« En contrepartie ces gens m'ont donné les ficelles du monde et beaucoup d'argent. Alors au début, j'étais carrément fou de mes liasses de billet. Puis un jour, j'ai pris conscience de la chance que j'avais. » je trouve que ça fait beaucoup de mots de liaison

« J'ai pris conscience de ma prophétie: j'étais un élu. » en fait le mec soit c’est le mafieux le plus classe du monde soit c’est un fou mégalo… c’est marrant ces revirements d’identité

« j'ai donné au monde bien plus qu'une fenêtre. J'ai ouvert une porte. » bien vu !
« J'ai créé l'indispensable, ce qui fait notre égalité: un besoin. » je penche de plus en plus pour le mafiosi sans morale ^^ j’aime bien l’idée (et la suite du paragraphe)

Ça commence à devenir un peu long, certes il y a une montée e tension des infos mais je trouve que ça manque de hiérarchisation (que l’on comprennen pourquoi/comment elles arrivent et que ce soit pas juste ça, plus ça, plus ça)

« Au final, je ne vous ai toujours pas dis ce que je fais dans la vie. Je vends de l'herbe. » déception immense XDDD j’étais pas loin avec mon mafiosi

« Eden. La démocratisation du rêve et du for intérieur à travers des salons high-tech de fumette. » je trouve cette phrase super inspirante
« Très vite, l'idée s'est raffinée » jeu de mot ? ^^

Je pense que toute la fin après « je vends de l’herbe » mériterait d’être avant, pour éviter de répéter sur l’égalité et ensuite pour que ça donne une chute forte au texte

Avatar de Faël Faël Mode Lecture - Citer - 10/05/2015 19:13:54

J'aime beaucoup l'idée !
L'oscillation entre le mégalomane fou et le mafieux, la chute, etc.
J'aime bien l'utopie de l'herbe qui apporte la paix entre les hommes Clin d'oeil (qui restera une utopie : j'espère qu'on peut atteindre la paix sans en arriver là...)