Si les choses passées savaient combien je les ai aimé, elles acquiereraient une âme à seul fin de me pleurer.
Cioran
"[...] Beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces ; ou encore, comme l'incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure ; ou plutôt, comme ce piège à rats perpétuel, toujours retendu par l'animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment, et fonctionner même caché sous la paille ; et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! ""
Le comte de Lautréamont
P.S : Parce qu'on m'a déjà accusé d'avoir copié le style de Lautréamont dans mes propres écrits, je tiens à préciser que je ne l'ai rencontré qu'il y a très peu de temps, et que je ne l'ai pas attendu pour l'imiter.
Bonsoir Contraste,
ton texte me fais penser à Velickovic, un de mes peintres favoris parmis les contemporains.
"Il y avait tant de lumière qu'on voyait le monde dans sa vraie vérité, non plus décharné de jour mais engraissé d'ombre et d'une couleur bien plus fine. L’œil s'en réjouissait. L'apparence des choses n'avait plus de cruauté mais tout racontait une histoire, tout parlait doucement aux sens." Jean Giono, Que ma joie demeure
"Mais où demeure, en somme, la raison, lorsque l'emporte le tourbillon d'un frénétique plaisir? Tantôt trop lourde, elle brise ses liens et elle tombe dans l'abîme; trop légère, au contraire, elle s'envole dans les vapeurs du ciel." E.T.A. Hoffmann, Princesse Brambilla
"Mais quand j'ai voulu savoir l'heure,
mais quand j'ai cherché mon cœur
dans la poche de mon gilet,
j'ai vu qu'un archer vainqueur
vers le Soleil vous emportait" Desnos, Destinée arbitraire
Contraste, je te conseille de lire Aurélia si tu aimes Lautréamont. C'est un bijou d'une beauté malsaine assez extrême. Vraiment, durant toute la lecture, j'ai oscillé entre l'envie de refermer le livre et l'envie de continuer à me repaitre de ces mots abjectes, pleins de fiel et de perversité (et si beaux pourtant...). Un paradoxe à part entière ce conte...
La bibliothèque des nuages, Christian Bobin
*Chaque fois que je m'éloigne d'une page fraîchement écrite, je découvre à mon retour ce qui a fané sur les rameaux de papier, recroquevillé d'être inutile. Le temps qui passe est un ami précieux qui nous dépouille du superflu. (p17)
*J'ai grandi à l'intérieur d'une larme. À travers sa vitre scintillante, j'ai vu le monde éclatant de lumière. (p19)
*Le soleil traversant le rideau de la cuisine de ma mère en détache une dentelle d'ombre finement vibrante qu'il accroche au mur. LA fin du jour décroche sans état d'âme le pur chef-d'œuvre.(p28)
*Le citron sur la table – toute la lumière du ciel vient contre lui connaître la gloire de périr
*Un jour, sans penser à rien, je regardais le tilleul enflammé devant la fenêtre et j'ai appris que G. avait cessé de mourir. C'était trois ans après les funérailles. Les arbres sont de merveilleux facteurs.
*Les troncs d'arbres abattus suaient sous le soleil. Sur leurs cous de décapités perlaient des gouttes de sève odorante, comme les diamants d'un carat. À notre mort, un bûcheron se penche sur la souche de notre âme et compte à voix basse les cercles de lumière. (p37)
"On est pas responsable de la tête qu'on a, mais de la tête qu'on fait".
Proverbe