Haute banlieue, histogramme blanc
Des barres d'immeubles délavés
Nuages gris d'un jour un peu terne
Et les passants courbant la tête
Vertige, écrasante altitude
blanche et grise
Les nuages gros, comme en colère
Pesant si fort sur ceux d'en bas
Haute falaise bordée d'écume
Sous le ciel d'avant la tempête
Pesant si lourd sur les navires
Qu'ils reprennent leurs voiles.
J'aime beaucoup la simplicité de ce texte. De belles et fortes images.
Cependant j'ai quelques remarques:
Haute banlieue, histogramme blanc
Des barres d'immeubles délavés
On retrouve la même idée dans les deux vers, c'est dommages. Pourquoi pas quelque chose comme "histogramme délavé"
Nuages gris d'un jour un peu terne
J'accroche pas trop à ce vers. Encore une fois on retrouve la même idée: nuage gris / jour terne
Cette première strophe pourrait gagner en intensité avec d'autres idées à mon avis.
Les nuages gros, comme en colère
Pesant si fort sur ceux d'en bas
J'aime beaucoup ces deux vers, l'image est vraiment parlante.
Pour ce qui est de la dernière strophe même si je n'ai pas saisi avec exactitude ce dont tu parles, elle m'a imprégné. Et je pense que c'est là l'essentiel de la poésie. Alors merci pour cette lecture (:
J'adore jusqu'aux deux derniers vers ! C'est simple, évocateur, les images sont très belles dans leur immédiateté, j'aime tes jeux avec la syntaxe aussi...
Ma seule critique : la fin. Je ne peux que buter sur la répétition de "pesant si...sur...", même si je pense qu'elle est volontaire, parce que je trouve que tu n'as pas construit une structure en écho avant donc c'est bizarre que ça vienne d'un coup, et parce que l'image et le mot qui l'exprime sont lourds en soi et occupent trop d'espace répétés deux fois.
De plus, je ne parviens pas du tout à saisir l'image d'où une impression frustrante d'inachevé, de fin comme un cheveu sur la soupe alors que je suis sûre qu'il y a quelque chose derrière, le sens même de ce que tu voulais transmettre peut-être... tu m'expliques ?
En fait ce texte est parti d'une idée proche de l'exercice de style, mais finalement a moitié réussi : transformer un paysage de banlieue en un paysage de falaises bretonnes, en floutant progressivement puis en donnant un nouveau sens aux éléments présents (l'idée m'a été inspirée par une discussion sur l'oeuvre de Jerôme Gallet et ses paysages marins
http://www.jeromegallet.com/). Les répétitions découlent d'un jeu d'écho incomplet ; je voulais qu'on comprenne que c'est toujours la même chose que je décris, simplement transformée. Je pense que je vais repartir de la dernière strophe pour remettre les deux autres dans le moule, et essayer de jouer plus sur les synonymes.
Ah oui effectivement ! Si la troisième strophe prend la place de la première, la transformation est plus nette et le texte devient plus marquant
(nouvelle tentative.)
Banlieue marine
Haute banlieue souillée de blanc
Les nuages et le béton gris
Comprimant les passants pressés
Qui vont courbant la tête
Altitude blancheur délavée
Emprisonnée dans la grisaille
S’abattant sur les vies d’en bas
Pour les clouer au sol
Haute falaise bordée d'écume
Sous le ciel gris d’avant l’orage
Pesant si lourd sur les navires
Qu'ils reprennent leurs voiles.
Je vais commenter sur la dernière mouture uniquement.
J'ai l'impression que tu décris les cités de béton construites à Moutiers ou Albertville pour les JO il y a fort longtemps. Un mélange de beau, de nostalgie, de brut, d'abandon.
J'aime!
Je préfère nettement cette version là, j'ai mieux réussi à suivre le mouvement de transformation et ta deuxième strophe est bien plus belle.
Tu vas trouver que je suis lourde mais je ne comprends toujours pas le sens du dernier vers : que veut dire "reprendre une voile" ?
Ils replient les voiles pour ne pas que la tempête à venir les déchire ou emmène le bateau au loin.
Ah d'accord. Et pourquoi reprendre et pas replier alors ?
"qu'ils replient leurs voiles" je trouve ça un peu moins joli, mais surtout il me manque un pied (jusque là mes strophes sont 8-8-8-6)...
D'accord.... En tout cas, j'aime cette dernière version.
Et moi je suis content qu'elle plaise !
J'aime bien cette version, elle est plus simple, plus posée.
J'aime bien ta nouvelle version, mais moi, c'est sur « Altitude blancheur délavée » que je bute et je ne sais pas pourquoi. Au plaisir de te relire