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Arbre

Le Temps des Rêves

La voie du surhomme

Une fois, quand la vie s’éveillait au démon du crépuscule, une grande vibration magnétisait les éléments constitutifs du monde conscient. Il attrapait ce qu’on lui donnait, le rongeait jusqu’aux os, pour retrouver une chair après avoir chuté dans ce nouveau monde trop insipide. Le feu dévorant s’était éteint en lui, évanoui sur la Terre. Les flammes ne léchaient plus son corps, et il lui fallait recouvrir de sa peau dure et rêche les glaces aguicheuses qui immobilisaient les êtres.
« C’est parce que le choix n’existe pas » diront-ils. Mais ils rencontrèrent l’Ange dans la nuit après la fière venue du démon, qui s’est enfui en une seconde, fiévreux dans la lumière éblouissante des ailes immaculées qui paradaient autour du visage brillant et prodigue de l’avatar céleste. Avançant soudain à eux, ne pouvant se lier à leurs corps tout en vivant par leur présence et le besoin qu’ils avaient de lui, l’être aimé, métonymie de la transcendance, laissait derrière lui une ombre aveuglante dessinée comme un chemin inaccessible.
Dans les nuées claires, les étoiles lui dirent en silence : « Même si cela t’amuse, tu ne perdras pas ta douceur dans l’Art qui constitue ton œuvre. Ton existence est déjà la création d’une nouvelle armée qui en soi a détruit les mystères douloureux de la Terre. »

Et quand personne ne regarda vers lui, parce qu’il était ailleurs, sa figure universelle perdue dans une obscure turbulence, ses lèvres bougèrent en un murmure et scandèrent le cri de l’Ange qui a connu l’aventure impersonnelle de celui qui est Tout par l’amour qu’il porte au monde :
« Surmonte ! Je ne saurai aimer un autre que l’être animé qui vibre de la profondeur de l’éternité. »
L’amour céleste donné, il s’évanouit vers les limbes éthérés, sa voix éteinte possédant les esprits en quête d’une existence humaine. L’onde avait surpassé la misère et l’air, stimulé dans ses vibrations finissantes, le suivait sans remords, baignant d’une plus juste lumière jusqu’aux plis de ses paupières.
Alors enfin il quitta la Terre.