Entretiens avec le maître déchu sur la beauté des choses
Le premier jour
MAITRE : Qui vient m’embêter à une heure pareille ? La nuit est tombée, le temps n’a plus cours, tout a perdu son sens. Rooh, un peu de patience, oui, je vais me réveiller !
LISE : C’est moi, vieux maître.
M. : Moi, moi qui ? Aaah, TOI ! Au nom du ciel et des étoiles, tu es toujours en vie !
L. : J’ai toujours aimé votre engouement, cher maître.
M. : Maître, maître, je ne suis plus maître de rien, plus maître de personne… Bon, qu’est-ce que tu veux ?
L. : Je veux entendre la vérité que vous ne m’avez pas encore apprise.
M. : Qui te dit qu’elle existe ?
L. : Mon cœur a une voix puissante, et vous m’avez enseigné à l’écouter. Et vos yeux aussi me le disent.
M. : Il faut croire qu’ils sont restés fermés durant trop longtemps…
L. : Je sens comme une aube qui attend qu’on la réveille.
M. : Je la sens aussi, c’est pour ça que je t’ai laissé m’ouvrir les yeux.
Enfin, tu veux vraiment savoir ? Ne réponds pas, c’était pure rhétorique. Tu t’es suffisamment posé la question avant de venir. Parce que tu as su qu’il fallait que tu viennes, je vais tout te dire.
L. : Alors il faut vraiment semer autant de graines pour qu’une seule arrive à fleurir ?
M. : Oui, mais cela fait un bel arbre.
