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Arbre

Le Temps des Rêves

Je ne suis qu’un troubadour, un trouvère aux chants et au cœur usés, meurtris. Quoique non-issu de la noblesse, je chante pour une belle. J’aurais aimé être un chantre ou un barde mais les instruments aux sons mélodieux ne sont pas faits pour ma personne. « Pauvre hère ! » me crie mon être de toutes ses fibres. Certains me nomment ménestrels car je les amuse. Ce n’est qu’une façade.

Onques on ne me nommera chevalier. Pourtant elle n’en a cure.

La princesse a daigné me regarder, me parler, se partager et se confier en ma personne.

Sans destrier je ne peux lui déclarer guerre, sans palefroi je ne peux l’ombrager. Je ne cherche pas non plus à briser un royaume ou encore à planter mon oriflamme sur les sentiments de la douce. Jouter peut être excitant, le goût du sang dans la bouche, l’adrénaline dans les veines. Pour une femme, que nenni ! Elle en souffrirait plus qu’elle n’oserait apprécier le spectacle. Le troubadour, chevalier aux yeux d’une princesse au cœur endurci par la perte, est dans l’attente. Il tente de l’aider à panser ses plaies comme si c’était elle qui revenait de bataille.

Le chevalier se reconnait par son armure. Nul haubert ou cotte d’armes. Juste quelque chose épais comme du papier à cigarette. Il suffit d’un sourire pour que les nuages s’écartent et que le soleil arde cette dernière, me consumant. Il suffit d’un soupir pour que les nuages percent et que la pluie désagrège l’armure, me liquéfiant.

L’ébaudir par les mots ! La plume sera mon épée, ma lance. Non pas pour combattre le piètre chevalier galopant dans son âme, mais pour occire les maux qui l’accablent. Cela sera plus simple que de terrasser un dragon pour prouver mon peu de valeur face à ses prunelles aux reflets étourdissants.


Merci à Amélie pour ce texte.



Landès Mickaël
Le 10/04/2012

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