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Arbre

Le Temps des Rêves

Ben moi l'éphémère me touche, mais je ne m'y plait pas.
Je veux dire par là que je trouve autant de beauté dans un feu d'artifice que dans la vision d'un paysage ou d'une cathédrale mais... je ne saurai jamais rendre ma vision, dans sa profondeur, à travers quelque chose qui s’efface. Peut être parce que je ne sais pas partager. Je ne sais pas. Dans ce cas là c'est seulement moi qui suis handicapé de la vie, peut être... En fait je suis simplement jaloux, surement. Le dessin, la peinture et la sculpture ne sont pas des arts "sociaux", un truc du genre...
Peut être que du coup je comble ce handicap, cette envie de crier, par un cri gravé dans le roc. Une chose que quelqu'un pourrait voir des siècles plus tard. Pas quelque chose gorgée de poussière, ni un soupir nostalgique. Non. Quelque chose qui serait là vie au-delà de la vie. Le ciel vivant à l'intérieur d'un geste exécuté et fixé par l'encre ou les pigments. Ou la pierre. Un souvenir ancré dans les cœurs.


"Et moi je voue un culte au solide, à la pierre et à la mémoire qui s'efface, aux ruines..."
Ce que je mets là dedans ce n'est pas de l'immuable. En fait c'est plus la réappropriation de l’œuvre de l'homme par le monde et par le temps. J'admets n'être qu'un cailloux, une poussière. Mais je souhaite aussi être une des briques qui permettent au monde de vivre, d'évoluer.
C'est pour ça que l’évanescence me fait peur. Je l'associe à la déliquescence. Une perte de l'essence. La perte de soi vers... partout et nulle part. L'être devient non-être en se dispersant dans un néant. Et ce néant me fait peur. Je préfère du coup être terre, cailloux. M'accepter comme tel et cristalliser pour devenir un joyaux. Une gemme qui pourra être taillée par la main d'autrui, polie par la société, contenant l'eau de mes larmes, des étoiles d'espoir, accrochant la lumière d'êtres magnifiques et reflétant les étoiles que sont mes amis. Un univers à part entière... et non des vapeurs éparpillées.