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Arbre

Le Temps des Rêves

La virgule,

chers amis, est un rebond de l'entre deux. Elle s'invite sur la feuille, et régule le rythme, et fait virer la phrase, énumérant sans pitié les silences, les pauses, l'inspiration et les coupures ; sur papier, elle s'élance, n'hésitant pas à montrer le poing quand elle ordonne de s'envoler à la phrase qui chutait. Silencieuse, d'un coup d'aile, elle redonne pourtant une vigueur nouvelle à la lente paresse d'une belle fin de phrase, l'embrasant soudain d'une passion plus vive, plus inspirée, mais qui chavire pourtant dans un bref océan ; car la virgule ne revient plus, à la fin.

Virez de bord, crie l'encre qui coagule, car une vague inquiétude l'oppresse, la démange, la tient comme toujours, alors qu'elle disparaît mais que la virgule, sans pitié, se moque du mot breveté, qui d'ailleurs la porte au dessus de son « e », et prolonge la torture de tout ce noir qui se vide, ignorant son tourment, comme celui aussi du poète qui désespère, car il regrette bien de ne point terminer, ici, par une virgule.