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Arbre

Le Temps des Rêves

Critique de Un éclat de vie de Marie-Ève Sténuit

Vide. Blanc. Absence. Ève a perdu son propre monde. Brutalement. Et elle décide d'en jeter les clefs ; ses souvenirs. Mais avant de les jeter, elle les observe une à une. Il y a cet inconnu qui voulait l'emmener au bord de la mer, juste pour discuter avec elle. Il y a la clef de la boîte à bijoux, celle d'une plongée cauchemardesque. Une autre : celle de l'appartement qu'elle partage avec son mari, un homme calme aux paroles pesées comme l'or.
Et, enfin, il y a cette dernière clef, celle de l'explication du blanc. Celle qui lui a fait claquer la porte du monde juste après avoir ouvert celle de sa chambre, juste après avoir vu cette belle femme noire, nue, dans sa maison.
Claquer la porte pour se protéger d'un sentiment trop fort.

La belle au bois dormant n'est-elle qu'un conte pour enfant ?
Petit à petit, on comprend le mécanisme que Marie-Ève Sténuit a façonné pour son livre, on saisit un peu mieux ce que sont ces clefs, ce qu'elles signifient. On les regarde, une dernière fois, avec la narratrice et on en capte la beauté par les mots qui nous sont offerts. Ce petit livre est très agréable à lire. L'écriture est simple et poétique, juste assez éthérée pour nous laisser flotter dans ce blanc éternel. La décomposition en sept clefs de souvenirs est une idée originale et bien exploitée, cependant, on peut malgré tout regretter l'aspect un peu « répétitif » qui en ressort. Lorsque l'on arrive à la sixième clef, pourtant envoûtés par l'ambiance que nous ont fait découvrir les premières, on aurait presque l'impression de déjà connaître tous les codes, d'enfoncer des portes scripturales grandes ouvertes.