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Arbre

Le Temps des Rêves

Critique de la nuit du chien de Olivier Brunhes

Dans la vie de Tobbias, tout commence la nuit du chien, cette nuit où, enfant, alors qu'il est en fugue, il se retrouve avec un chien mort sur le corps. C'est l'hiver, en pleine montagne. Pour le meilleur et pour le pire le Vieux et Grandboche le découvrent et le sauvent. Déjà, sa vie ne tenait qu'à un fil. Ce fil, c'est aussi la corde qui a servi à pendre son père, un beau jour, nouée autour de la branche d'un arbre au fond d'un petit jardin. C'est également le lien qui se tisse entre lui et Martine, celle qui l'a recueilli. Mais le fil, c'est surtout celui qui s'effiloche sous les assauts des évènements.
Car Dog – c'est ainsi qu'on l'appelle depuis la nuit du chien – n'a pas une vie facile. Alors qu'il avait trouvé un petit havre de paix dans les bras de Chloée, il part en vrille, vole de l'argent et une voiture. Le voici en prison, dans la même cellule que Marco, une brute épaisse à la douceur touchante. Arrive le jour où Dog est libéré. Des projets, des échecs, des engrenages, des fils qui se croisent et se brisent, c'est dans ces quelques jours que s'écrit son avenir.

La plume d'Olivier Brunhes est très agréable à lire. À la fois énergique et poétique , il sait changer de rythme, changer de ton. Passer du registre familier au vocabulaire de la prière semble naturel. En équilibre entre les ravages d'une vie et la bonté d'un être, entre la brutalité et la douceur cachée, on s'attache facilement aux personnages : à Tobbias bien sûr mais aussi à Marco qui ne tue pas pour faire le mal, au Vieux et sa bouteille d'alcool, à Martine, cet ange qui regardera bientôt vers le ciel. Habile sculpteur du langage, Olivier Brunhes tisse le fil de l'histoire qui nous tient en haleine, accrochés à ses mots jusqu'à la dernière page.