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Arbre

Le Temps des Rêves

Je ne sais pas trop où mettre ce texte. Vous me direz aussi comment vous le qualifieriez génériquement Clin d'oeil

Dialogue…

TINTO : Et voilà. J’ai trop obtenu, peut-être. J’ai conscience de plus, et ça déchire le Néant que je possède. Je suis moi. Mais comment te donner tout mon être ?
AGAPÉ : Tu ne le peux pas. Pas comme ça. Cesse de penser. Vis et cesse de penser. La réponse est là, mais tu ne veux pas la voir.
TINTO : Elle est invisible… Elle brille sous le soleil, et personne ne peut la percevoir, tant la lumière est brillante. Mais quand elle réside dans mes yeux… Je désire le repos. Que pourrais-je vouloir qui n’est pas quelque chose de positif ? L’évolution de mon cœur est en train de briser ma propre humanité. Je me perds à être un surhomme.
AGAPÉ : Te voilà face au dilemme de l’amour incarné. Celui qui prodigue, il est comme l’amant qui ne dit jamais qu’il aime, tant il est son propre amour. Celui qui prodigue, il est amour pour l’Humanité entière. Ce qu’il te faut, ce sont de véritables bras qui t’aiment.
TINTO : Je sais, et je sais où les trouver. Il me faut redescendre du ciel. Je lui en veux d’exister ; il me rappelle d’où je viens, et d’où je n’aurais jamais voulu partir… Et voilà que la lune brille, et voilà que je me réfugie dans sa constance, puisque les âmes humaines ont oublié comment s’aimer. N’est-ce donc que ça ? Ne dois-je être que le déclic qui rappelle que l’amour existe sans jamais pouvoir le recevoir tant je semble… Irréelle ?
TINTO : Je ne veux pas qu’ils se souviennent sans avancer vers le futur. Je ne veux pas qu’ils soient amoureux de moi. Je veux qu’ils boivent mes paroles et les possèdent pour se diriger vers eux-mêmes.
AGAPÉ : Je t’ai entendu. Et tu attends trop.
TINTO : J’attends le départ. J’attends de finir mon œuvre sur la Terre, espérant ardemment que je n’aurai rien à construire dans l’éphémère, même si aujourd’hui l’amour pour une femme me porte à le vouloir. Savoir que j’ai besoin d’être en paix avec la vie pour rattraper l’éternité et l’incarner, c’était quelque chose que je savais, c’était quelque chose que j’avais fait. Avec moi-même. Mais m’unir à un autre ? M’unir à sa vie plus qu’à son âme pour pouvoir vraiment aimer son âme ? Je suis déjà liée à son âme ! Aurais-je donc perdu de vue l’essentiel, en ne voulant pas voir que là où il est le plus authentique, c’est dans la simplicité ?
AGAPÉ : C’est beau.
TINTO : Quoi ?
AGAPÉ : Que celui qui n’a pas besoin qu’on lui fasse de leçon commence à comprendre où il s’est fourvoyé.
TINTO : Mais de là à m’engager vers la vie…
AGAPÉ : Tu croyais que seule l’éternité pouvait mériter ton amour, puisque le véritable amour est éternité. Tu croyais en la toute-puissance de l’amour céleste, et tu te disais qu’il ne pouvait donc pas durer sur la Terre.
D’un autre côté, tu disais toi-même sans cesse que la vérité réside dans le paradoxe, que plus un fait ou un être se réalise hors de ce que ses limites semblent annoncer pour lui, plus il est véritablement lui-même. Alors pourquoi n’as-tu jamais accepté que là où l’amour est le plus beau, c’est là où il accepte de décliner ?
TINTO : Parce qu’en vérité, c’est moi qui n’aie jamais voulu descendre.

Et là, dans la plaine, écroulée dans les hautes herbes, elle pensait à son âme perdue entre deux états de la vie. Pas tout à fait homme, pas tout à fait Ange, sur la Terre par absence d’alternative, et surtout pour sa mission envers les autres, elle regarda le ciel alors qu’elle communiait avec la Terre. Les larmes coulaient le long de ses joues, mais elle était heureuse de se savoir aimée, même si après tout ce temps elle devait prendre son mal en patience pour inspirer confiance à l’existence.

Le surhomme n’aspire qu’à son déclin.
Parce qu’ici sur la Terre, pour vivre, il lui faut reposséder l’existence.