Ecrire.
Ecrire…
Ecrire !
Là maintenant, tout de suite.
Je le veux, j’en ai envie, j’en ai besoin.
Mais pour dire quoi ?
Je n’en sais rien.
Je veux juste jeter des phrases, des mots, des symboles, sur un papier ou un écran.
Une marmite à base d’alphabet et de pensées.
Je porterais ensuite le tout à ébullition pour en récolter les vapeurs que je distillerai, lentement, doucement, là ou ici.
Mon cerveau s’y refuse !
Mes doigts courent sur le clavier, frôlant les touches sans oser les enfoncer. Mes mains se font baladeuses en croisant des stylos effleurant des bouts de papiers.
Ce n’est pas une angoisse de page blanche. Il n’y a pas d’idée, pas de volonté de sujet à aborder.
Juste un besoin d’écrire.
« Pourquoi ne pas tenter l’écriture automatique ? » me soufflent quelques cellules grises. Je n’y crois pas, du moins sur un ordinateur. Car finalement c’est là que reposent mes poignets, reliant mes extrémités engourdies à mes avant-bras.
Tant pis, je couche sur cette feuille virtuelle des mots sans intérêt, sans vie.
Soulagement.
Soulagement feint.
Soulagement faux.
Cela fait maintenant plusieurs heures que des lettres virevoltent dans ma tête, se heurtant régulièrement aux méninges, au sens médical du terme. Elles s’impriment, se forcent un passage jusqu’à mes rétines mais ne sont pas cohérentes.
Un titre me vient. « Ffgekzb mlndsk »
Qu’en faire ?
Un autre se pointe. « Vivaldi »
Une idée orage. Une idée-bateau qui sombre bien vite.
Je lis des poèmes.
Je ne les comprends pas. Je ne les commente donc pas.
Maudite cervelle ! je devrais te faire frire ! te cuisiner en gratin !
De l’auto-cannibalisme.
Cela revient au même si je me ronge les ongles non ?
Je divague.
VAGUE !
Un raz de marée de néant froid se déverse sur ma personne.
Je relis les quatre lignes du dessus.
Il y a quoi au dessus de la honte ?
Désir de mourir immédiatement.
Si seulement je pouvais écrire. Un truc. Une phrase stylisée, voire incompréhensible.
Juste écrire.
M’écrire.
Vous écrire.
Landès Mickaël
