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Arbre

Le Temps des Rêves

Le Schéma Narratif (spécial dédicace à Justine):
Le schéma narratif :

En gros, c’est un résumé de l’histoire, de l’intrigue. C’est une manière de résumer le livre en quelques lignes, pour ne faire apparaître que l’essentiel : c'est-à-dire le développement de l’histoire. En général, pour moi, il fait une à deux pages.

Pourquoi faire un schéma narratif ?

Il ne faut pas forcément le faire dès que l’on commence le roman, je suis plutôt d’avis à laisser la plume (même informatique) faire quelques chapitres toute seule. Au bout d’une quarantaine de pages, je commence souvent à me dire « Oui, du coup X fera ça, et pour résoudre l’énigme il ira voir Y qui dira… ». Et là, les idées affluent et c’est l’horreur, la course pour ne pas en oublier. Ou bien, vous êtes dans le cas inverse et au bout de quarante pages vous avez ce qu’on appelle le stress de la page blanche. La panne. Sèche. Alors dans ce cas que faire ? Hop, un petit schéma narratif pour remettre toutes ses idées en place, résumer le début, et voir comment on peut arriver à la fin. A mon avis, c’est le meilleur moyen de se débloquer (ou de ne PAS bloquer). (Autre moyen : attendre que l’inspiration revienne).
En général donc, c’est un bon moyen pour mettre au clair tout ce qu’on souhaite écrire, et voir comment les éléments s’enchaînent.
Note : comme je l’ai dit, je pense qu’il ne faut pas s’y atteler directement (sauf s’il s’agit d’une suite, et que vous écrivez le xième tome). Parce qu’à mon avis, il ne faut pas « forcer » l’histoire, et pour cela, il faut bien connaître les personnages. Je crois que si on décide de l’histoire avant de savoir ce que les personnages aiment et savent faire, on arrivera forcément à un cul-de-sac, où le personnage regarde le mur à franchir et fait demi-tour en disant « Très peu pour moi, merci », à moins que ce ne soit l’auteur qui arrête d’écrire ! Et pour mieux connaître les personnages, à mon avis le meilleur moyen reste d’écrire et de les observer se construire. Ensuite on peut faire d’autres exercices : la fiche personnage, les interviews personnages/personnages ou personnages/auteur (assez difficile car il faut maîtriser les personnalités de chacun), ou juste dire à un personnage « Mets-toi là et ne bouge pas », et s’astreindre à le décrire le plus précisément possible sur un format décidé à l’avance : son physique, ses réactions face à l’exercice etc… Vous l’aurez compris, je suis d’avis que les personnages sont des identités vivantes bien à part et entières. Ils savent se montrer coopérant comme tout à fait récalcitrant, à vous de les appâter.

Comment se présente le schéma narratif :

Il est composé de :

La situation initiale
L’élément perturbateur
Les péripéties
La résolution du problème
La conclusion

Pour développer simplement (parce que j’ai énormément de notes pour chaque partie, que j’aimerais expliquer plus en détail plus tard) :

Dans la situation initiale on présente les lieux principaux, les personnages, le monde dans lequel ils évoluent, bref, tous les détails pour donner l’ambiance. C’est très important car on peut déjà y semer des indices pour la suite du roman. C’est aussi à ça que le lecteur va juger si oui ou non il décide de continuer. J’ai lu quelque part qu’on jugeait un livre à ses cent premières pages. Personnellement, si la première page me plaît moyennement, je lis le chapitre entier, et si ça ne va pas, je ferme le livre.

L’élément perturbateur : il déclenche l’action, sans lui pas d’histoire ! Il peut être de toute sorte : (ex 1) un personnage tombe malade => allons chercher un remède ! (ex 2) Le héros trouve une bague mystérieuse dans une grotte => il faut découvrir le secret qu’elle cache. Un meurtre, c’est pas mal aussi => trouver le coupable !

Les péripéties : le héros entreprend une quête (au sens large) pour résoudre son problème (ou le problème que l’auteur lui a gentiment mis sur les bras). Alors vient l’énumération de tout ses problèmes secondaires : (ex 1) un autre personnage veut le remède, ils sont en confrontation perpétuelle, il tombe malade aussi, il doit préparer lui-même le remède etc… (ex 2) Le héros va chez un bijoutier, il doit ensuite se cacher des services secrets qui semblent s’intéresser à la bague (donc il la met à son doigt pour être sûr de pas la perdre), il découvre son secret (à la bague) car un milliardaire le kidnappe pour lui expliquer tout (et il se rend compte qu’il ne peut plus enlever la bague de son doigt hé hé )…
Les péripéties peuvent être nombreuses, imbriquées, alambiquées. Elles peuvent s’enchaîner en cascades : (ex 1 ) je trouve le docteur, qui me mène à la plante dont j’ai besoin, et en chemin je rencontre la femme de ma vie, qui est une traîtresse et me rend malade etc…. , ou juste se faire les unes après les autres : (ex 2) j’ai trouvé une bague. Des gens essayent de me la voler. Un étrange milliardaire me kidnappe. Par contre le coup de « Je ne peux pas enlever ma bague du doigt » est enchaîné (voir au dessus).
La différence vous apparaît-elle ? En général, on a tendance à enchaîner les péripéties ( blablabla DONC blablabla DONC blalbalbla) pour éviter les passages « inutiles ». Un livre qui m’a particulièrement marqué dans ce sens : Harry Potter 1. Harry et Malafoy se défient en duel. On pense que c’est une aventure banale ( ?) d’un étudiant de Poudlard. Le duel se passe le soir, alors qu’ils devraient être au lit. Et soudain, dans la bataille, Miss Teigne arrive, autrement dit, ils vont se faire choper. Ni une ni deux, ils s’enfuient, et c’est ainsi qu’ils découvrent le couloir interdit où se trouve le chien à trois têtes. Et puis ils rentrent au dortoir sans le savoir. Mais au final cet élément sera réutilisé à la fin du livre, alors que tout le monde l’oublie. Pour moi dans Harry Potter, il n’y a aucun passage inutile. Mais sans tomber dans le Seigneur des Anneaux (avec beaucoup de passages « inutiles »), je trouve que quelques passages « pour le fun », où on apprend juste à connaître les héros, peuvent donner bon « goût » au livre. Et cela peut aussi servir à faire souffler les héros (il paraît qu’eux aussi ont besoin de repos, j’ai reçu beaucoup de plaintes à ce sujet).

La résolution du problème :
je pense que c’est assez explicite : le remède est fait, la bague est enlevée, le coupable trouvé. Souvent grâce à un petit détail, que le héros découvre, ou que l’auteur a glissé au début du texte. Exemple plus que classique : au début, le jeune moine s’entraîne à faire la prise du Dragon-qui-tue mais évidemment n’y arrive pas. A la fin il se bat contre le grand méchant et là, il comprend : une seule solution pour vaincre, faire le Dragon-qui-tue. Et en général, il y arrive.
Je pense que le mieux est de disséminer les éléments des résolutions (les indices) dans toute l’histoire. J’ai vite pris en horreur d’écrire un chapitre final où la sage et grande Wen expliquait tout à tout le monde (avec une patience d’or, il faut le reconnaître), et c’est aussi moins fatiguant (à mon avis) pour le lecteur. Cependant il faut bien prendre garde à ce que la résolution soit compréhensible, et ne tombe pas trop du ciel (au théâtre, il y avait des Deus ex machina, mais ça se voit aussi dans les livres). Attention à mon avis aussi de pas se dire : « Aaaah j’ai écrit trois cent pages, je dois terminer ! Je coupe tout » Non, non, non. A mon avis, il faut finir, et ensuite si on ne veut pas d’un tome de mille page, on trouve un endroit où couper (je sais, je suis dans ce cas là pour un roman, c’est plus facile à dire qu’à faire).

La conclusion :
à mon avis il y a un seul point d’or à respecter : il faut qu’elle colle avec le reste de l’histoire. Il n’y a pas de règle plutôt happy end, ou le héros meurt à la fin alors c’est forcément bien parce que poignant. La fin doit juste être normale, évidente (ce qui ne veut pas dire que le lecteur doit s’en douter, au contraire, des fins surprenantes, c’est bien !), et juste celle qu’il fallait. Si vous voulez faire une suite, pensez à le faire sentir au lecteur… (et peut-être mettre des indices secondaires dans l’histoire, pour préparer cette suite ?)

Après à vous de gérer le schéma pour rendre du suspens, de l’action etc… Certains disent qu’il faut rentrer directement dans l’action. Pour ma part, c’est ce que je préfère, mais je pense aussi que c’est un procédé plus adapté à certains styles, certaines histoires, que d’autres. Prendre le temps de présenter son monde, ses personnages, dans un premier chapitre (ou deux ou trois) donne une ambiance différente que si on est direct plongé dans une bataille, ou dans une course poursuite etc… Je pense que classiquement la première solution correspond plus à des romans sentimentaux, et que le deuxième va plus avec de l’héroïc fantasy, de la science fiction etc… Après on peut faire ce qu’on veut en écriture, c’est le principe Grand Sourire
Attention : dans le cas où on arrive direct dans l’action, il faudra quand même (enfin, bien sûr vous pouvez choisir de ne pas le faire, mais pour ma part, je ne peux pas écrire sans connaître mon personnage) décrire vos personnages un jour ou l’autre, et le monde dans lequel ils évoluent etc… Donc la situation initiale peut permettre d’éviter (ma terreur) l’horrible chapitre d’explication par exemple, où l’auteur se dit au quatrième chapitre « zut, zut, zut ! il serait peut-être temps que j’explique comment s’organise toute cette affaire » (ex : description de la géographie d’un pays imaginaire, ou arbre généalogique soudain du héros, pour expliquer pourquoi il va se marier avec sa sœur…).





(note, ce n'est que ma façon de voir les choses)