(extrait de "le métro mais pas tro" de Yack Rivais)
DUCULOT :
Vous dictez trop vite, Monsieur. Je n’ai pas pu écrire après...
PROFESSEUR :
Où en êtes-vous ?
DUCULOT (lisant) :
« Il n y arrivera pas, il est taré. » Après, je ne sais plus...
PROFESSEUR (ébahi) :
Quoi ? (Il va voir le cahier.) Oh ! l’idiot ! Il a écrit ce que je disais à Bladier ! (Il regarde les cahiers des autres.) Et lui aussi ! Et elle ! Ils ont tous écrit ça ! Rayez ! Non ! Mettez entre parenthèses tout ce que vous avez écrit après métropolitain ! Ça y est ? Je reprends : Je descends - Bon sang, Mollet ! Réfléchissez ! - N’écrivez pas ça, bande de cancres ! Je parle à Mollet ! Mollet : tout à l’heure, comment avez-vous écrit « je prends » ?
Pour ceux qui ne connaissent pas le principe de l'exercice de style, on prend un texte et on le réécrit, mais avec une autre tonalité. Queneau a fait 99 réécritures d'un texte expliquant qu'il a pris le bus à telle heure et que le chauffeur avait une casquette, sur divers modèles : timide, philosophique, Alexandrins, argot, registre très soutenu, métaphores, très précis...
Le but est donc de réécrire ce texte avec la contrainte que vous voulez (vous avec aussi le droit d'en inventer). Bon apétit !
(en Alexandrins)
L'élève Duculot s'écrie, déboussolé :
"Monsieur vous énoncez trop vite la dictée
Et c'est pourquoi je n'ai pas pu écrire après...
Et vous avez l'audace de me demander
Où je suis parvenu dans ladite dictée ?
A "il n'y arrivera pas, il est taré"
Je suis arrivé, mais la suite ai oublié !
Que me chantez-vous là, que donc écrivez-vous ?
Rugit le professeur, énervé plus que tout,
L'imbécile, l'idiot ! Car cet âne écrivait
Ce que, en aparte, je disais à Bladier !
Et lui, et elle, et tous, sans penser grifonnaient !
Rayez tout, non, entre parenthèse mettez
Ce que, à très grand tort, vous avez donc noté.
A "métropolitain", on reprend la dictée.
"je descends"-notez-mais, Mollet, réfléchissez !
Et vous mes cancres, c'est à lui que je parlais !
Mollet, donc, de me dire comment vous avez
Ecrit "je prends", je vais de suite vous prier.
