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Arbre

Le Temps des Rêves

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Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui ou pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces paroles dans votre cœur,
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants,3
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.

1947, Primo Levi




J'aime ton poème, Sequoïa (ravie de te lire!!). Mots simples, rythme prenant, ambiance aussi.

Un seul vers sur lequel j'ai buté :
"approchant cet amer précipice,
se perdent" -> je n'arrive pas du tout à faire suivre ces sonorités ...