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Arbre

Le Temps des Rêves

Brumepin,




Sauf qu'ici il n'y a que la rime qui passe.

Pourquoi ai-je l'impression que tu es purement incapable de saisir le fond de ce qui est différent de toi ?


Le rythme essouffle ton texte d'avantage qu'il ne le dynamise. Tes césures sont mal gérées (si tu prends une forme classique va jusqu'au bout!). Tu mets des points d'exclamations, des points de suspensions, même des virgules... mais pas de points. La poésie, c'est la musique des mots, la ponctuation sert la rythmer. Ici aussi, va jusqu'au bout de ton texte.


Je trouve l'absence de ponctuation le long du texte astucieuse, car la fin en est pleine, en résulte une explosion délicieuse.


Tu écris un français qui ne se parle plus.

Moi, j'écris un français qui ne se parle pas. Et alors ?
La règle en poésie est qu'il n'y a pas de règles. Qui veut peut appliquer cela à toute sa vie, faire exploser les règles pour donner vie à un chaos sans cadre, maladroit peut-être, informe sans doute, et alors ?!Je trouve l'âme du chaos bien plus belle que celle des prisonniers de convenances et de la poésie dictée, des prisonniers du regard d'autrui, du désir de plaire, de la bonne apparence et des dîners mondains hypocrites.

En clair, il faut abandonner le « Dussai-je ».

En clair, il ne faut rien abandonner du tout. Qui es-tu pour te croire messager de lois qui ne sont que les tiennes ? Qui veut te suit, les autres sont libres.


en substance, c'est assez creux

Je me retiendrai de jouer avec ces mots pour les retourner contre leur maître.

Tu le dis toi même : « tout n'est que mort » Justement, après la mort, il n'y a rien.

Qui sait ?

Ce n'est plus le travail du poète de dire qu'il est désespéré de vivre

Merci, Dieu, de ton éclairage céleste sur la mission de nos vies. Je conterai désormais les aventures de bisounours le lapin rose et fleurette la petite hérisson qui mange des pissenlits.
( savez-vous pourquoi les hérissons traversent la route ? Pour montrer ce qu'ils ont dans le ventre...)


Le coup du poète maudit appartient à un autre temps. C'est s'égarer que de prendre ce chemin là. Notre boulot, c'est d'avoir un engagement à transmettre, trouver des pépites de vie et mettre des mots sur ce sur quoi, ceux qui ne sont pas poètes seraient incapables de le faire. En somme, les surprendre.

" Ceux qui ne sont pas " "s'égarer" "ce chemin" hey, t'étais pas curé dans une autre époque, toi ?
Alors, alors, les poètes maudits existent encore, malgré ce monde qui se veut moderne et épargné de ces plaies que nous sommes. Il y a toujours eu de la douleur et il y en aura toujours, les Condamnés le rappelleront sans fin. Il y a de la beauté dans ces méandres de souffrance pure, dans la violence de ceux qui ne sont pas accepté, tu en fais la preuve, Brumepin, en bannissant une fois de plus notre voix. C'est parce que l'on ne veut pas de notre palette de peinture sanglante qu'on la crie encore plus fort. Regardez ! Ouvrez vos regards, oui, voyez... La douleur, parfois, effraie, tant la fuient. Je pourrais t'écrire une thèse mais je n'en ai pas l'envie.
C'est s'égarer, tu dis, que de prendre ce chemin ? Peut-être, mais l'égarement permet parfois de découvrir des horizons que nous n'aurions jamais connu en marchant droit. Parfois l'ombre emmène à la lumière, parfois elle mène à elle-même.
De plus, on ne le choisit pas toujours.
Qui sommes-nous pour prétendre savoir où nous allons ? Dans l'univers il n'y pas de sens, nous prenons au hasard une direction que nous nommons notre chemin, mais, vraiment, n'est-ce pas pure vanité, simple réflexe de survie pour échapper au néant qui nous entoure ? Nous sommes tous égarés. Et ceux qui se croient perdu sont peut-être plus au nord que ceux qui prétendent tout savoir des points cardinaux et des directions que doit prendre le roseau pensant.

mettre des mots sur ce que les autres non-élus par la poésie ne peuvent transmettre ? Relis bien ce poème que tu critiques, il met des mots sur ce quoi, ceux qui n'en sont pas poètes ne peuvent le comprendre complètement.
Des pépites de vie ? Pourquoi pas des rubis ! Le sang vaut le détournement.
Un engagement à transmettre ? Héhéhé... Laisse-moi rire doucement... Notre engagement existe, il est juste préférable de le garder dans l'ombre...

Donc, tu édictes que le rôle du poète est de surprendre ? C'est le rôle que tu as choisi. Ne nous l'impose pas, et remplis-le un peu mieux, jusqu'ici tu as été très prévisible.
Et si mon rôle était de n'en point avoir ? Si, au lieu de surprendre, je désire lasser ? Si au lieu de faire rire, je veux faire mourir, si au lieu de conter la beauté, je peint la laideur ? Réfléchis, le contraste entre les différents poètes est agréable, les couleurs vives mettent en valeur les sombres, et inversement ! Les choses ne sont pas manichéennes, en peignant l'ombre, c'est aussi la lumière que je ravive, et sur ce sujet je t'invite à lire Les chants de Maldoror, suivi de poésie I et II, de Lautréamont.
[note : cette petite phrase explique le positionnement très "Darktiste" ( cool comme néologisme, non ? CopyrightContraste u__u ) que je prends dans ce message]


Trouve une manière d'écrire qui t'es propre sans raconter ta vie. Ou si tu racontes ta vie, inscris-la dans un engagement littéraire, politique, artistique... que sais-je encore ? Et je suis convaincu qu'avec une forme plus contemporaine, nous aurions un texte plus authentique.

Depuis quand l'authenticité passe par la forme ? C'est comme si quelqu'un qui avait une sale gueule était forcément laid intérieurement, et inversement.

Raconter sa vie pour raconter sa vie, c'est ce que nous faisons tous, même si nous prétendons avoir un objectif, un devoir, une mission céleste à accomplir, au final, ce n'est que le reflet de cette petite vie fragile et pleine de vanité.

L'engagement d'un poète n'est pas forcément compréhensible, et peut être le contraire de ce que l'on pense. Ce n'est pas parce que l'on parle de mort qu'on n'aime pas la vie. Enfin je ne sais pas l'exprimer, mais je pense que vous comprenez, non, les choses ne sont pas aussi simples que sur des étiquettes soigneusement collées à chacun d'entre nous. Les choses sont mêmes tellement compliquées qu'en tentant d'en parler ainsi, je me sens profane.

Pardonne mon ironie pas bien méchante, c'est juste que ton message m'a fait rire par son emportement buté. Tu sais quoi Brumepin, je te conseil de croquer dans une pomme, une pomme laide à tes yeux, une pomme que tu ne mangerais jamais d'ordinaire. Savoure-là. Tu la trouveras amère, mais elle t'apportera quelque chose de nouveau, de différent. Peut-être même que derrière sa peau fade et son teint rabougri, ou le contraire, il y aura un jus succulent qui te plaira.
Et puis les pommes, c'est délicieux.