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Arbre

Le Temps des Rêves

Ouch, Wen, tu y vas fort. Mais c'est vrai. Je vais d'abbord m'intéresser au fond de la critique Brumepine. Pour ma part comme le lapin je suis d'accord pour dire qu'il manque un peu de ponctuation au poème, ou alors il y en a un peu trop. Mais le fait de tantôt devoir se créer ses propres soupirs et tantôt se les faire imposer fait que parfois je ne sais plus trop sur quel pied danser. Pour les césures, le rythme n'est pas le plus dynamique qui soit mais je le trouve cohérent et plutôt original, personnellement il m'emporte très bien malgré un ou deux vers un peu moins fluides que les autres (notamment les "toi" en incise entre deux virgules).

Brumepin, tu dis "je suis convaincu qu'avec une forme plus contemporaine on aurait un poème plus authentique" : c'est vrai, peut être. Mais peut-être pas. Tu penses que le boulot du poète est de surprendre, et pourtant tu conseilles ici l'inverse : en effet quoi de plus surprenant que de croiser "de la putain jouissant avorter" au milieu d'un texte qui en apparence a une gentille forme de quatrains en rimes ? Crois-tu que cela aurait eu le même effet au milieu d'un texte s'affirmant déjà par la forme comme libre et plus moderne ?

Concernant les tournures anciennes, je ne vois pas le problème. Je trouve que l'effet de ce genre de tournures serait faible si effectivement le poème sentait le déjà vu et le grandiloquent depuis le départ. Mais là remettre "dussais-je" après les histoires du putes plus haut, je trouve que ça crée un petit quelque chose incongru et tout à fait plaisant. Justement toute la force de ce poème vient à mon avis du fait qu'il garde en apparence une forme quasi-classique tout en bousculant ce qu'on attendrait d'un poème de cette forme. Pour moi ça donne un tout autre goût aux tournures genre "dussais-je" que dans un véritable poème classique.

Concernant la forme de ta critique, je vois avec joie que tu as proposé des choses (met de la ponctuation, prend une forme plus contemporaine...) et pas simplement affirmé que en l'état, ces choses là étaient vraiment nulles, et tu as même souligné des points positifs comme l'effet des images qui était "bien joué". Tu as même parfois donné à ton avis une allure d'avis plutôt que d'affirmation unvierselle : "je reste convaincu que...". Bon, mais le problème c'est le "parfois". La plupart du temps je garde l'impression d'avoir affaire à un prédicateur : "Mes amis, la poésie classique est une ère révolue ! Engagez vous sur le chemin que j'ai moi même longuement parcouru, engagez vous sur la voie de l'écriture contemporaine et engagez vous tout court ! Votre mission sur cette Terre ces de surprendre ces pauvres gens qui ne sont pas poètes, c'est de sacrifier vos poèmes et vos envies d'écriture au tout puissant style contemporain, à la liberté formelle ! Vous êtes ici pour aimer la vie, et dans le cas contraire vous n'êtes pas poètes, vous n'êtes qu'un embryon cancérigène dans la voie de la poésie moderne !" Etc... Franchement, je ne comprend pas comment tu peux t'acharner à défendre une poésie "libre", à défendre l'innovation, si tu le fais de manière si bornée et fermée à tout autre style. Et rien que voir des trucs genre "ton job de poète, c'est" "de nos jours, il faut", ça me révulse ! C'est du plus pur antipoétique ! C'est l'anticréatif par excellence ! La poésie n'a pas qu'une seule forme, et vouloir la fixer ainsi dans des maximes catégoriques genre : "tel truc, c'est révolu. Aujourd'hui on met des adjectifs au lieu des verbes. Mais pas d'anaphore adverbiale, surtout", c'est exactement le contraire de l'innovation constante que tu sembles défendre !

Enfin, imposer à quelqu'un de transmettre un message d'espoir alors que ce n'est pas ce qui lui vient, c'est aller encore un fois complètement à rebrousse poil de ta recherche d' "authenticité" dans les textes.

Et enfin enfin, oui, ce genre de critique met gravement mal à l'aise, tu te poses en professeur, en maître, en leader poétique, que sais-je, mais en tout cas bien trop rarement en simple lecteur et en ami donnant des conseils et non les encadrant dans une vérité suprême menant à la seule poésie possible.