Un sacré exposé, chapeau...
L'expérience présentée est en soi une manière d'exposer l'entièreté d'un mécanisme qui, pour moi en tout cas, n'a jamais fait de doute : la langue est imparfaite (nombre d'auteurs, notamment des poètes, l'ont déploré) et ne permet pas d'exposer nécessairement la véritable intention sémantique (celle qui décide du choix d'un mot par rapport à un autre) de l'auteur ; au-delà, cette imperfection linguistique est à la base de la notion d'interprétation, puisque les ambiguïtés ainsi générées sont nécessairement gommées par le lecteur, via sa propre inconscience. L'interprétation est alors fille de l'imperfection de la langue.
Ceci étant, le sachant, l'auteur a deux options : choisir ses mots avec le plus grand soin (et cela implique une connaissance profonde du sens de chaque mot, une conscience de l'incroyable approximation que constitue la notion de synonyme), mettre le sens au service de l'histoire (c'est un pseudo-romancier qui parle, je ne défends sans doute là que le roman et je m'en excuse) tout en laissant à son lecteur le soin de sa représentation du décor, de l'apparence physique des personnages ; ou laisser au lecteur le soin de l'interprétation quasi-complète d'une situation donnée, et c'est ce que m'inspire ton poème : en le lisant, j'y ai trouvé peu d'éléments tangibles (et c'est une analyse, non un reproche d'aucune sorte), la voie était grande ouverte aux interprétations les plus diverse, comme ton expérience l'a montré.
Il me semble que cela fait partie de l'intention de l'auteur : au-delà de ce qu'il veut représenter, il oriente aussi lors de son acte d'écriture la façon qu'aura le lecteur de lire, et donc intrinsèquement d'interpréter l'oeuvre.