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Arbre

Le Temps des Rêves

FERMER : empêcher de s’enfuir.
On se lève, s’étire encore. Une jambe. Une autre. Fait tourner sa tête pour soulager le cou. Puis on attrape les sacs et vêtements éparpillés dans ce petit coin de bibliothèque, qui pour un temps est devenu notre navire, notre château, notre chaumière de paille, notre forêt amazonienne, notre tente perdue dans le désert, notre nuage tourmenté par les vents, notre refuge intemporel. On part. Les membres gourds d’avoir trop lu. On pose le trésor sur une table. Qu’il nous attende jusqu’à demain. On s’éloigne en se retenant difficilement de ne pas se retourner. Orphée revenant des Enfers du Rêve a déposé Eurydice avec précaution sur le bois ancien et lui demande d’attendre. Gare à la malédiction pour celui qui cède à la tentation. Alors nos pas nous mènent vers ce seuil qu’on a franchi. Et nos yeux sont braqués vers l’objectif, tandis que notre cœur saigne de savoir que la bien aimée attend derrière. Un geste, et on peut la retrouver. C’est si tentant. Mais on a trop peur. Peur que demain elle ne soit plus là. Alors on part.





















PARTIR : être emporté vers la finalité.

Le cœur lourd, l’esprit léger. Un pied puis l’autre, pas à pas, on arrive où tout a commencé. On pousse la porte, on sent le bois. Notre premier pied passe le seuil, mais on ne veut pas regarder. On ne regarde pas. On pense à demain. Alors, sans se retourner, on tire le lourd panneau de bois qui se ferme. Notre esprit caresse le mot « FIN ».





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Ces textes s(er)ont disponibles dans le livre "Ouvrir un Monde", 32 pages en couleurs.

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