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Arbre

Le Temps des Rêves

Qui me connait un minimum artistiquement saura que si l'on me demande le nom d'un chorégraphe, je répondrais immédiatement "Philippe Decouflé". À partir de là, deux possibilités s'imposent : soit poulix ne connaît qu'un seul chorégraphe, soit ce chorégraphe est un génie. (en effet, je vous interdis de choisir la solution "poulix n'a aucun goût").
La première solution n'est certes pas tout à fait fausse mais je préfère largement la deuxième.

Parce que Decouflé, c'est l'art de mêler les arts. Danse et musique sont en osmose dans ses spectacles. Et je ne parle pas uniquement de la danse des corps. Il y a aussi la danse de la lumière, celle des ombres, des reflets, des images. Il sait diffracter la lumière, la briser, la reproduire à l'infini, la transformer. Il sait assembler les solos enflammés aux chorégraphies de groupes. Tantôt calmes et bien orchestrées, tantôt chaotiques et folles à lier.
En un mot... il sait créer.

Decouflé a fait une entrée fracassante à l'occasion des JO d'Albertville en 1992... il faut avouer que c'était plutôt déjanté...
Jo d'Albertville



Personnellement, j'ai découvert Decouflé par un prodigieux hasard grâce à Muze (petite larme pour ce magazine aujourd'hui disparu). J'avais lu un article et (sûrement après avoir eu une révélation), j'ai dit à mes parents "Il faudrait qu'on aille voir ça. Il passe à Paris". Et... zouuuuuu, me voici les yeux brillants devant le magnifique spectacle Sombreros.
Sombreros est la chorégraphie qui m'a fait prendre conscience que j'aimais la danse. Reutty se rappelle d'ailleurs peut-être d'avoir publié ce texte ( http://hostile-au-style.fr/textes/sombreros/ ) dans son journal.
Ce spectacle, je crois que je pourrais le voir des dizaines de fois sans jamais m'ennuyer...

Sombreros


Quelques temps plus tard, j'ai eu le plaisir d'aller admirer Octopus avec Lune et Liane. Beaucoup plus "rouge" que Sombreros qui était plutôt un doux conte en noir et blanc, Octopus est tout aussi percutant. La sensualité côtoie la mort, l'amour et l'humour (avec un grand A, comment dans Art Langue). On sent que l'artiste avait besoin d'expulser quelque chose. C'est très réussi sans jamais être gratuitement agressif. La musique de Nosfell, par son originalité et sa vitalité, s'alliait à merveille aux pas des danseurs.
(D'ailleurs... je me suis ruée pour l'acheter au TNB dès que j'ai su qu'ils l'avaient)

Octopus


Toutes ces vidéos ne suffisent pas à retranscrire, à communiquer la force qui émane de cette danse éclectique, l'émotion qui assaille le spectateur et lui donne envie de passer des heures dans son fauteuil rouge. Parce que Découflé, c'est la diversité, le passage d'un extrême à l'autre sans cesse renouvelé. "Du sublime au ridicule il n'y a qu'un pas" disait l'autre... et bien Decouflé le franchit en en faisant un jeu !

En tout cas, la prochaine fois qu'il passe vers chez moi... je vous invite tous à venir le voir. Et s'il y a une chose que je peux vous promettre c'est que vous ne pourrez pas dire "je me suis ennuyé(e)".