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Arbre

Le Temps des Rêves

Il jouait des cantiques au piano, en bas
Et moi je lisais Sartre : Dieu n’existe pas
Qui croire ? Qui suivre ? – Laissez dire, laissez faire…
Vérité n’est qu’un mot, qu’attends-tu pour te taire ?

Le jugement dernier au tympan des églises
La Justice aveuglée aux marches des tribunaux
Transcendance, immanence
Et ce Noël absurde,
Où le divin s’incarne au milieu des néons
Où les dévots se pressent dans les boutiques de Lyon

Il jouait des cantiques au piano, en bas
Dieu est transposition du désir d’ici-bas

Est-ce dire ?
Que Dieu, poussant caddie, parcourt les allées folles
Qu’il a perdu Jésus au rayon « Auréoles »
Déposé par erreur comme une guirlande usée
Pour parer de prétextes l’autel du Saint-Marché

Tout ça n’a pas de sens : on nous l’a dit cent fois
Je refonds des idées qu’on a apprises par cœur
Et le soir à l’église, je chante moi aussi l’Alléluia,
En mineur
Puisque point n’est besoin désormais de feindre la joie
Dieu s’est fait homme ?
Tant mieux –chantons, qu’on en finisse
Blasphémons en bémols, la dinde sera trop cuite
Regarde bien le chœur, la visite est gratuite…

Il jouait des cantiques au piano, en bas
Et le soir, en rentrant, j'en avais plein les bras…