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Arbre

Le Temps des Rêves

D'abord, il y eu le geste
Inspiré
Que la mécanique funeste
Jamais
Ne put posséder

Les formes s'assouplirent à la matière
Tout devint lisse - et divin
Fut ce corps de pierre

Mais bien vite l'artisan perdit
-Sa tête-
Plongée dans ce tourbillon
Les paillettes étranges
Naissant de ses instruments
N'eurent de cesse d'hurler
-Son nom-

~Encore une fois
Regarde moi
Rien qu'une fois
Enlace-moi
Je vois mes doigts
Glisser sur tes reins d'albâtre
Mais ta peau n'y frissonne pas
Et la chaleur
Que je recueille des tes lèvres d'ivoire
Déjà, s'en va

Danse encore, oh! Mon ange
Le réveil me serait bien trop cruel~


Sur l'autel menaçant
Vénus reçut sa prière
Surgissant de l'ombre
Le souffle créateur
Gronda
Et les courbes s'animèrent
La fourbe déesse mère
Proclama
Pierre devient chair
Qu'à jamais ta beauté soit !

Et Galathée fut.


*


Imaginez-les,
Ces infortunés monstres de misère!
S'oublier en une dernière valse
Terrible et enfiévrée.

Qu'elle est belle, l'immortelle!
Si douce, si légère
L'ardent – le sang!
Au cœur de ses veines
Inonde et s'amoncèle

Et lui le père
L'amoureux
L'incestueux
Face à tant de vie
Désespère

Aphrodite reprend alors ce qui lui appartient. Le roc s'affaisse, s'effrite et s'effondre en un halo de poussière. L'homme devient fou et n'est plus que ténèbres.
Narquoises, ces arabesques! Noires de colère qui dansent dans son infortuné crâne.

Que peut-on, face à des larmes de pierre?

~ Passé, qui es-tu? Où es-tu alors que le présent même perd ses frontières? Vénus est toujours là, pâle et fière. Qu'elle a bien joué, l'effrontée! Trompé, bafoué, déchiré : l'âme est brisée. Chronos, rends-moi l'éternité!~


***



Ne l'as-tu jamais aperçue, cette ombre d'homme qui divague
Au beau milieu des rues?
C'est lui, c'est bien lui! Il rêve de ses chimères perdues...
Le malheureux.
Ne vois-tu pas la silhouette lugubre poindre de ses yeux?
Vénus y rit.