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Arbre

Le Temps des Rêves

Et si...
Et si, pour éviter deux secondes de se laisser embarquer par le flot du temps, on reste à observer le vivant.

Celui qui braille de toutes ses forces dans la tête. Ok, celui-là je le connais. Du moins je vis avec. Il est fourbus de rouages, de mécaniques et d'idées tordues. Projets de futur. Analyse du présent. Calcul des hypothèses du temps. Horlogerie de ma calculatrice intérieure.
Celui qui, derrière les neurones possède aussi un corps. Drôle d'entendre son cœur, de sentir la tension le long des veines, de compter ses propres os, de voir comment poussent les poils de la main...
Celui qui me parle. Il m'assène des idées comme autant de coups de gourdin. Mais pas les miennes. Et comme si ce n'était pas suffisant, des pensées qui ne vont pas dans le sens de ma propre pensée.
Celui qui, derrière tout ça, me rabâche des choses connues, apprises, ou bien encore tatouées au fer rouge de la culture. Il essaye de me souffler sans fin que penser de mes propres neurones et de ceux d'autrui.
Celui qui essaye de me raconter des histoires, à chaque instant, pour me distraire ou pour m'apprendre. J'aime l'écouter. Il est moins chiant que l’analyste.
Celui qui regarde passer les gens. Il observe, scrute, cherche, l'animal!Les yeux sont vifs, fuyant ou prédateurs. J'observe la jungle.
Celui qui bat et se serre. Toujours. A chaque minute. Il me fait vivre, me pousse à suivre sa dictature du bon, du beau. Je le hais. Il me laisse, à chaque seconde, l'impression d'être câliné et d'être trop loin. Je l'aime. Mélange hormonal des souvenirs et du désir.
Celui qui voit le monde. Les pierres qui poussent et les arbres immobiles. La matière d'un espace et la couler de la nuit. Les créations de l'homme faites jardin, pavé ou désert. Les idées farfelues d'un divin ou d'un autre, en larmes d'océan.

Celui qui au final regarde le ciel, après s'être abreuvé jusqu'à plus soif de tant de pensées. Ce petit bout, là, entre les nuages... Il est bleu. Pas un morceau de ciel, pas des atomes d'azote et d'oxygène excités de photons. Pas une onde. Pas un mélange de cobalt et d'ultramarine. Pas le reflet d'un regard. Pas une couleur de papier peint. Pas la chute (un peu nulle) d'un mauvais jeu de mot. Pas une couleur vue dans un film. Pas un élément de langage expliquant un concept. Pas une des résultantes de l'effet Doppler appliquée à un signal lumineux. Pas la couleur de la police à appliquer en haut d'un rapport.

Bleu.
Juste... "Bleu".

Et c'est tout.

PS : je dis ça, mais dernièrement, j'arrive pas forcément à éliminer toutes les pensées. Saleté d'hormones ^^