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Arbre

Le Temps des Rêves

LE JOYEUX BUCHERON

Une cour de béton. Deux arbustes sont plantés là. Un homme est assis entre les deux. Les arbres lui font de l'ombre. Il dort. Un homme entre, avec un hache. Il s'approche du bosquet, déterminé.

Hde : Eh, Monsieur ! Espèce de bouffre microcéphal ! Débarassez le béton immédiatement !

Hdo se réveillant : Hein, quoi ?

Hde : Oh, pardon, je n'avais pas vu que vous étiez réveillé. Je disais que j'avais la nécessitée d'utiliser l'emplacement sur lequel vous vous trouvez. Mais que faites-vous dans mon jardin ?

Hdo : J'habite ici.

Hde : Oh ! Et depuis combien de temps ?

Hdo : trois mois. Depuis que les arbres sont là, quoi. Mais que voulez vous faire à mon lieu d'habitation ?

Hde : Ceci est MON jardin, monsieur, car je l'ai acheté.

Hdo : Mais monsieur, ce sont aussi MES arbres, car j'y habite, et j'y loge.

Hde : Vous êtes idiot ! Mon grand-oncle croyait comme vous que les mers, les forêts, la planète, étaient à tout le monde ! Quel imbécile ! Les choses sont à ceux qui les achètent !

Hdo : Bon, bon. Et que venez vous faire dans MES arbres ?

Hde : J'ai besoin de bois. Je dois les couper.

Hdo il ne comprend pas : De bois ? Pour quoi faire ?

Hde : Je voudrais construire une grande île en forme d'arbre, à côté de chez moi.

Hdo : un arbre vrai n'est-il pas plus beau ?

Hde : Ecoutez, j'ai planté ces arbres il y a cinq ans, dans le seul but de construire cette île. C'est leur destin.

Hdo : Alors c'est mon destin à moi de perdre ma maison à moi ?

Hde : c'est cela.

Hdo : Je refuse, alors.

Hde : Impossible, on ne refuse pas son destin, voyons !

Hdo : Et pourquoi pas ?

Hde sifflote, regarde en l'air

Hdo : Et pourquoi pas ??

Pas de réponse

Hdo énervé : J'ai dit : « pourquoi pas » !

Hde : Chut ! Taisez-vous !

Hdo : eh, pourquoi ?

Hde : parce que je ne veux plus vous entendre.

Hdo : Ah bon. Mais au fait, qui a décidé de mon destin, alors ?

Hde : C'est moi, en plantant ces arbres, l'année dernière.

Hdo : Alors, si je vous tue, mon destin sera changé ?

Hde l'ignorant : Il fait chaud, ici !

Hdo : Il faut que je vous tue, alors ?

Hde l'ignore toujours, peste contre n'importe quoi en s'adressant au public.

Hdo : que je vous TUE !

Hde : NON !

Hdo : Pourquoi non ?

Hde énonçant la plus évidente des évidences : parce que... Parce que ce serait mal !

Hdo : Selon vous. Mais selon moi ? Selon moi, serait-ce mal ? Hein, et Mon point de vue alors ?

Hde : Taisez vous, c'est absurde ce que vous dites, je n'entends rien !

Hdo : Cessez de geindre...

Hde : Chut, vous dis-je ! Il donne un coup de hache dans le premier arbre, qui tombe.

Hdo : Hé ! Mais que faites-vous ?!

Hde : Je coupe de bois. Pour mon île.

Hdo : Et combien vous en faut-il, comme ça ?

Hde : Plusieurs milliers, je crois.

Hdo : Des milliers d'arbres !

Hde en colère: Mais oui, enfin, je vous l'ai déjà dit !

Hdo : Mais il n'y en a pas assez dans votre jardin !

Hde : Tant pis, cela m'importe peu, j'irai dans les jardins d'à côté, pour couper d'autres arbres.

Hdo : Mais vous allez tuer des gens !

Hde : C'est pour la bonne cause !
Et puis, ce n'est pas les gens que je tue, ce sont leurs arbres.

Hdo : Mais si vous coupez leurs arbres, ils n'y aura plus d'oxygène, chez eux ! Et ils mourront !

Hde : effrayé : Hooooooo !
Résigné : C'est dommage. Mais c'est pour MON île !

Hdo : Et puis moi, je n'aurais plus de maison.

Hde : ce n'est pas grave, tu en trouveras une autre. Bon, ce n'est pas tout, j'ai du bois à couper.

Hdo malin : si j'étais vous, je ne le ferais pas !

Hde : Pourquoi ?

Hdo : Si vous coupez cet arbre, il n'y aura plus d'arbres. Et s'il n'y a plus d'arbres, il n'y aura plus d'oxygène... Et vous mourrez !

Hde : profondément terrorifié : AAAAAh !
Puis soulagé : Ce n'est pas grave. ! J'irai vivre sur ma grande île en forme de grand arbre après avoir coupé tous les arbres de tous les jardins !

Hdo déconcerpité : Il faut que je m'en aille, alors ?

Hde : c'est ton destin.

(Hdo sort, puis Hde et les arbres)


Scène 2

Hde, tout seul dans son jardin, fait les cent pas. Il cherche. Il n'y a plus d'arbres.

Un ange : que cherches tu ?

Hde : Je ne sais pas, il manque quelque chose...

Un ange oppressant : Quoi ? Un arbre, peut-être ?

Hde : Non, non. Mais cela doit avoir un rapport...

Un ange : Il ne fallait pas couper l'arbre !

Hde se bouche les oreilles : Je n'en ai rien à faire ! Taisez vous !

Un ange : Parce que maintenant, tu manques d'oxygène...

Hde : Oh ! C'est donc ça !

Suffoque, tombe, ressuscite dans l'au delà.

Hde : Où suis-je ?

Un ange : Mort. Te repend-tu de tes pêchés ?

Hde : Quels pêchers ? Et puis, c'était surtout beaucoup de boulot !

Un ange (indifférent, presque enthousiaste) : Tant pis !

L'ange sort. Hde reste sur scène, statue, souriant, prêt à couper tous les arbres du paradis...


FIN