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Arbre

Le Temps des Rêves

Bon alors cédant à une forte pression sociale, me voila contraint à faire une présentation de mon humble personne, puisqu'il paraît que c'est une tradition quand on arrive quelque part.... ça tombe bien ; j'adorrrrrrrrrre les conventions sociales.

Je m'appelle Jibouille et, si j'essaye d'écrire de la poésie depuis quelques temps, je suis d'abord un amoureux du langage et des mots, parlés ou chantés. Pour moi la poésie est d'abord une onde sonore, l'écrit n'est qu'un support.
J'écoute Brassens depuis que je respire. J'ai par la suite découvert Renaud, Léo Ferré, Reggiani, Font et Val (surtout patrick font d'ailleurs !!) et tant d'autres.
Grace a ces paroliers et ces chanteurs, j'ai découvert les poètes, comme Lamartine, Villon, Boris Vian, Prevert, Bernard Dimey, Verlaine, Baudelaire etc... alors que les évoquer à l'école était d'un insurmontable ennui, les entendre chantés (ou dits) me fait vibrer.

A l'age de 15 ou 16 ans j'achète ma première guitare. C'est ma plus grande et belle histoire d'amour...

Mais comme il parait qu'il faut "gagner sa vie", je fais des études (assez longues), et puis apres je vais travailler. Un salaire, un appart, l'eau courante, les congés payés, les impots locaux et les week ends chez belle-maman.. tout le confort moderne !
Y'a forcément un moment où ça devait péter...

Alors ça a pété un matin d'octobre quand j'ai rendu mon tablier (j'étais alors boulanger) à mon patron, les cléfs de l'appart à cet encu... de proprio, et suit parti un peu sur les routes. Histoire de "prendre un peu l'air"

Et c'est un peu naturellement que, pour gagner un peu de sous, j'ai commencé a jouer des chansons dans la rue, et par là même ai (re)découvert ma vocation : la chanson. J'ai donc passé deux ou trois ans a ne "vivre" que de ça. En jouant dans la rue d'abord, sur scène par la suite.

C'est dans la capitale Bourguignone que j'ai passé le plus de temps ces dernières années, et pour cause : j'y ai rencontré quelques personnes assez géniales.
D'une part de très bons musiciens avec qui j'ai monté un groupe de musique, les oiseaux de passage, d'autre part de tres interressants militants écologistes de l'asso dijonaise Kir :

C'etait un jour de marché comme les autres, où je profitais des premiers rayons de soleils pour sortir de ma guitare quelques chansons inconnues dont moi seul connaissait l'existence. Et voilà que débarque une bande de joyeux drilles déguisés en légumes et qui se proposent de chanter avec moi, ou plutot que je les accompagne. Je trouve l'idée séduisante... Plus tard j'appris que ces droles de zozos faisaient ce jour-là la promotion de leur festival "la semaine de l'environnement", festival de sensibilisation et d'échange autour de l'écologie politique et sociale.
Ce fut le début d'une très etroite collaboration et de quelques belles amitiés, de discutions politiques de fond, de reunions hebdomadaires pour la prochaine Semaine de l'Environnement, des soirées arrosées de Jenlain à refaire le monde, migoté à la sauce libertaire.

C'est également à cette époque que je découvre l'univers "anarco-autonome", les actions directes, la propagande par le fait. Les squats, les zones d'autonomie temporaires.
N'étant pas né avec un drapeau noir dans la main, je n'avait des squats que l'image d'épinal helas encore trop répandue, celle du squat punk crado seringue etc...
Or j'ai découvert des lieux ou les gens étaient "normaux", souvent tres cultivés, lucides, pleins d'humanité et d'idéaux proches des miens.
J'ai rencontré des gens qui essayaient d'amener leur parole en actes, faisaient du partage un art de vivre et tentant de remettre l'humain au couer du lien social. ça m'a plu.
(A ce propos je conseille aux curieux de lire cette assez belle brochure disponible sur infokiosque.net, et intiluée "la chronique du pied de biche"Clin d'oeil

Il y avait une friche maraichere à l'abandon depuis dix a vingt ans, et etait (est d'ailleurs toujours) menacée de bétonnage par un projet d'urbanisme (qui de surcroit a le culot de se prétendre "vert"Clin d'oeil. Avec quelques amis, on décide de squatter ce terrain, et d'en faire un potager collectif. ça donnera le Potager Collectif Des Lentillères (Pot'Col'Le). Celui existe d'ailleurs toujours, et a besoin de votre soutien ;-)

Juste à coté, rachetée par la mairie pour etre rasée dans le cadre du même projet d'urbanisme, une grande demeure bourgeoise. Vide... Et moi SDF... Vous imaginez la suite : j'ai ouvert mon premier squat, dans une villa !

Et puis, plus tard il y a eu, à l'espace autogéré des Tanneries (dijon), la première rencontre francophone du réseau européen Reclaim the fields (RTF), qui milite pour l'accès à la terre pour des installations agricoles paysannes. C'est lors de cette rencontre que j'entends pour la première fois parler de la situation de Notre Dame des Landes : Il est question d'y construire un aéroport, bétonnant ainsi 2000 hectares de terres agricoles sur cette zone appellée la ZAD (Zone à Defendre).
Depuis deux ans, des opposants au projet occupent terrains et maisons rachetés par le Conseil Général du 44 (CG44), et s'auto-organisent. Il y a actuellement là bas une bonne vingtaine de lieux squattés, ce qui fait de la ZAD une intersquat assez exceptionnelle.

On(RTF) décide d'aller y faire un tour en février, pour voir ça de près et apporter notre soutien à la lutte. Et c'est là que nait cette idée : monter une ferme collective sur un terrain du CG44 et y faire du maraichage. Je serai de la partie !!!

Le 7 mai dernier, au petit matin, un millier de personnes de tout bord (paysans du coin, militants citoyenistes, écologistes, squatteurs libertaires et familles Nantaises) défile fourches en mains, accompagné de 6 tracteurs et, depuis la paquelais, arrivent sur une parcelle d'un hectare en friche. En une demi-journée le terrain sera débarrassé des ronces et arbres, certains commenceront même a retourner la terre. Je garde un souvenir tres emu de cette journée où des paysans buvaient un coup avec des punks, tandis qu'un petit papy citoyeniste tenait un discourt anticapitaliste d'une étonnante violence.
Ce fût pour moi un moment où, collectivement, on a (re)pris possession de la terre, faisant fi de la socro-sainte "Propriété", pour permettre l'installation d'un collectif de maraichers, mettre une épine dans le pied des décideurs, nous réapproprier notre existence et mettre en valeur ce que la terre a de plus précieuse.

Depuis, le Sabot est devenu un des squats de la ZAD les plus populaires dans le grand public, les légumes, issus de notre travail sont sortis de terre, et vous attendent les lundi et jeudi, entre 17 et 20 h. N'hesitez pas a venir nous rendre visite !

Parallèlement, je continue mes activités artistiques : on a monté un atelier de theatre et de clown, j'apprend aussi des poèmes par coeur et m'amuse à les mettre en scène, je continue l'écriture,la guitare et j'ai avec quelques amis un petit projet assez chouette au niveau artistique, mais chuttttttttttttttt j'en dis pas plus, pour l'instant c'est top secret !