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Arbre

Le Temps des Rêves

Juste pour pas trop dire de conneries : les statistiques gouvernementales de 2010 (corrigées juin 2011).

C'est utile, en particulier pour connaitre la part d'apports et de dépenses énergétiques selon le type de production utilisée (page 18). C'est là qu'on se rend compte de chiffres invraisemblables et qui sont ceux qui sont réellement embêtants.


L'idée générale pour améliorer une économie d'énergie, c'est de rechercher à limiter les pertes (transports, surconsommation, etc.). A titre individuel, par exemple, c'est de travailler principalement sur du local, vivre en petites communautés, acheter à une proximité, tout ça tout ça. Et c'est valable aussi bien pour du transport d'individu, que pour le fret, que pour la source énergétique principale utilisée.
Si à l'origine, en des temps anciens, on considère que le marché pécunier est une manière de gérer localement un emmerdement à obtenir un bien, on comprend facilement que le chauffage se faisait au bois en forêt, à la tourbe en lieu marécageux, que les baraques construites autour de la Méditerranée sont bâties autour d'un patio, etc.
Au bout d'un moment, cette notion d'emmerdement s'est un peu effacée face à une certaine technologie, à une diplomatie améliorée tout ça tout ça.
A partir de ce moment, l'individu a gagné le droit de vivre, moyennant une notion d'argent devenant un outil abstrait et non plus un moyen de troc, la possibilité d'obtenir un confort légèrement contre-nature (traverser 1000km en 1 journée, manger des litchi, ou bien des tomates en hiver, vivre la nuit, communiquer avec des gens sans les voir grâce à un peu de lumière).
Tout ceci a un coût, et la question qui se pose est de savoir si ce coût n'est finalement pas trop fort face au gain de confort plus ou moins artificiel. Je vous avouerait que pour un des trucs les plus énergivores.
Et tout ceci a des effets pervers qu'on va pas s'amuser à tous nommer.

Un des domaines pour lequel cette notion de ressource locale est le plus important, c'est sur un des produits les plus consommés en France, en tonne par habitant : les cailloux. Ce domaine, c'est le truc qui fait beaucoup râler les gens parce qu'on défonce le paysage pour dévorer directement les entrailles de la terre ^^.
Il faut savoir qu'il existe un document, la Charte Environnement des Industries de Carrière. Je vous invite à découvrir le site de l'UNICEM. C'est écœurant de verdure, mais c'est un document novateur en terme environnemental, et qui fonctionne en gros depuis 20 ans.
Et qui est totalement inconnu.
Et il y a peu de domaines de l'économie qui peuvent se targuer d'avoir une telle volonté de constante amélioration.
Pourquoi existe-t-il? Une image déplorable du public envers ce métier de mangeur de paysage (à mon avis assez justifiée aux vues de certaines dérives passées). Et donc un organisme transverse surveille la bonne application de règles très simples.

Dans le domaines de la production d'énergie au niveau territorial, ce genre de démarche n'existe pas.
A mon avis, c'est là qu'on peut faire évoluer les mentalités. Par contre ça signifie aussi ré-acquerir du bon sens, et sortir de l'idée commune. Ouille, qu'est ce que je veux dire par là...
C'est tout bête. Le chauffage au bois s'applique parfaitement en pleine forêt.
Mais lorsqu'on habite en bord de mer, sur un cailloux entouré de vagues et de bruyères?
Et en ville? On fait circuler des tonnes et des tonnes de bûches en centre ville, en crachant des gaz? Ou alors on importe du bois d'ailleurs pour faire marcher des centrales de chauffe, quitte à lui faire parcourir des centaines de km?
Pour info, en ville au japon, la culture est a priori de se couvrir plutôt que de se chauffer... Juste comme ça...
Et vous savez que légalement, on a pas le droit de chauffer un immeuble au delà de 21°C et en dessous de 17°C en France? (ça date de Giscard ce texte, si si, vérifiez...) Donc une économie d'énergie se ferait en appliquant la loi et en se mettant à dos une majorité des retraités, hahaha.

En fait, le soucis de ce genre d'économie locale, c'est que justement c'est du local : on ne peut pas vivre dans des communautés dépassant une certaines taille, parce que sinon le mode de vie "tribal" ne peut plus réellement être appliqué.
Ok, la solution est de morceler le paysage économique en villages et hameaux.
Alors oui, l'éco-village fonctionne. Ça fait plus de 250 ans qu'une religion américaine utilise l'entraide plutôt que les engins de construction, et des véhicules fonctionnant à l'énergie animale pour les courses de tous les jours. Et ça marche parfaitement (c'est le plus grand propriétaire terrien du continent nord-américain). Le retour aux villages fonctionne parfaitement bien en petites communautés, en éco-fermes, tout ça, ici comme ailleurs.
Pour cet aspect, je suis d'accord, l'humanité à encore de beaux jours.

Moi ce qui m'embête, c'est que les déchets nucléaires, c'est pas un tas de cailloux ou du crottin de cheval.
Et que le traitement de ce type de matériaux ne peut pas, à mon avis, se faire simplement par un oubli dans le temps.
Ca nécessite une très haute technicité.
Ca nécessite des instituts de recherche.
Ca nécessite un reliquat d'industrie de pointe (et même vachement plus efficace qu'un reliquat).

Et tout ça, c'est des corps de métier qui ne peuvent pas subsister en cas de morcellement du savoir en petits groupes d’individus (encore plus si on réduit les moyens de communication entre ces groupes). Et un chercheur, comparé à un boulanger, c'est un sacré poids mort dans une communauté (c'est le geek qui sait pas pêcher, ne sait pas couper du bois, et qui bouffe pourtant sa part).

Donc...
A titre individuel, on a encore pleins de trucs à vivre (j'espère, et il y a pas de raison). Avec de possibles aventures humaines qui risquent d'être inattendues. Mais à grande échelle... Ben on va perdre du monde.


Le nucléaire a été choisi pour supplanter le pétrole pour des histoires de coûts et de pollution. Et c'était moderne. Maintenant on parle photovoltaïque et bio-masse, pour des histoires de coût et de pollution.
Pareil.
Bruler du bois, ça marche à partir du moment où il ne vient pas de loin (là je reviens à mon histoire des carrières). Et si on est avec un bilan carbone intéressant actuellement, c'est parce que cette énergie est loin d'être majoritaire.
Allez, je fais mon chieur. Le nucléaire, c'est en gros 125 Mtep par an (tonne équivalent pétrole : le poids de pétrole à cramer pour arriver à produire cette énergie). 1 stère de bois (1m3), c'est environ 0.147 tep. Il faudrait 850 millions de m3 de bois par an. Allez... on plante un cylindre de 40cm de diamètre, 10m de haut tous les 4m. Ça fait 250 cylindres par km²... Ca fait 14 000 km² à planter chaque année, à la grosse, et que à bruler, hein, on prend pas en compte la production d'objets. En France il y a en gros 160 000km² de bois et forêts. La production biologique est de 10.3 millions de m² (ça veut dire que la mortalité du bois n'est pas déduite). Bon... Faut multiplier la production par 1000. Donc replanter plus de 1000 fois plus qu'actuellement.
Chaud.
Garde forestier est un métier d'avenir.

En attendant de devenir bucheron, je vis en ville, je n'ai pas de voiture, je vais au marché me prendre mes légumes et mes fruits, je consomme de l'électricité pendant mes longues insomnies, je me chauffe au gaz à partir du moment ou ça commence à cailler grave de chez grave. Je ne vis pas en communauté, mais plutôt dans un abris qui permettrait de faire dormir une vingtaine de personnes. J'achète du papier à une vitesse faramineuse, surtout si il y a de l'encre dessus.
Et je pense que si on doit arrêter du jour au lendemain le nucléaire de production, on devrait multiplier au moins par 10 les financements publics de la recherche pour le retraitement des déchets(j'veux pas que cette recherche soit faite uniquement pour la tune et la spéculation comme actuellement, mais ça implique une sacrée refonte du système mondial des financements ^^), quitte à favoriser une industrie de production d'énergie pas super rentable à moyen terme, mais qui appauvrirait suffisamment ce qui a été touché et en améliorant la sécurité et le durabilité des installations existantes.

Suis-je le Mal? Cruel