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Arbre

Le Temps des Rêves

Gamin, j’étais Korrig’, rêvant d’être un Menhir
Rêve de pierre
Souhaitant d’être élevé à l’entrée d’une carrière
Rêve d’avenir

Le plan était tracé, j’attendais dans la cour
Couché près d’une rose
Qu’un tailleur me libère, qu’un compagnon me pose
Couché haut sur une tour

Mais l’orage, les éclairs, les hivers et la rogne
Ont érodé mes faces
Car une fleur est partie, et les ans, ces tenaces
Ont érodé ma trogne

Ce cœur qui était tendre, souvenir d’un volcan
Durcit en sec granit
Est devenu une pierre, sa taille en est réduite
Durci et plein d’piquants

D’la fraicheur… Ses mots percutent, ma surface fendille
En éclats infimes
Et sous sa main gantée une silhouette s’anime
En éclats immobiles

Je n’suis plus une pierre, mais une gargouille oubliée
Découvrant par ma peau
Sous les doigts d’une artiste travaillant sans repos
Des courants fous à lier

Craquements. Ma gueule s’ouvre, sourire minéral
A chaque choc du burin
Des ailes me poussent, je veux courir voir du terrain
A chaque cri et chaque râle

Qui donc aurait pu croire qu’un roc pouvait sentir
A nouveau la pluie
Glisser sur un corps neuf et abreuver en lui
A nouveau un désir

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