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Arbre

Le Temps des Rêves

CHERCHER : voir à travers.

On sait. Mais on ne sait pas encore que l’on sait. Ou plutôt on se ment. On ne veut pas l’avouer. On sait déjà ce qu’on cherche, ce que l’on veut. Mais pour le plaisir on s’ignore. On continue à faire traîner nos yeux. On regarde partout, sauf là où il faut. On fait semblant de s’intéresser à telle ou telle couverture. « Quel drôle de nom ! », « Jolie police ! », « Ça manque de couleurs… ». Et finalement on ne tient plus. On s’accroupit, se penche, sur la pointe des pieds, du bout des doigts, fébrilement ou sans réserve, on s’étire, se recroqueville. On pose les doigts sur le haut de l’objet tant désiré, et sent - enfin ! - les pages sous nos doigts, nous chatouiller, et quelques grains de poussières. On le penche. Parfois on se dit qu’il va tomber. On le tire. Mais au pire ce sera dans nos bras. On le fait glisser. Petite rotation à nouveau. On se relève. On se détend. On observe la couverture pour vérifier. Oui, c’est bien lui, c’est le bon. Pour faire durer le suspens, on se force à lire la quatrième de couverture. Et enfin on soupire. On a choisi.