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Arbre

Le Temps des Rêves

Nouveau retour

Le paquebot s’ébranle
Le fil du voyage s’étire encore
L’Irlande s’en va
Avec ses villes – Dublin gris, Dingle bigarré
Avec ses pubs et ses montagnes
Avec le vent et la pluie glacée
Avec ses troupeaux de viande et de laine
Ces moutons doux qui se réchauffent
Et bientôt auront la gorge tranchée
-- Je me souviens de celui-ci, le cou tordu
gisant près des falaises,
qui m’a fait frissonner, mais
qui n’est pas à plaindre ;
Je ne me souviendrai pas de tous ceux-là
que j’ai regardé avec amusement,
parfois avec tendresse, et qui m’ont observé
ceux-là qu’on exécutera
par habitude…
Je suis plein de ce mélange aigre-doux du retour
des espoirs et des regrets qui s’éloignent doucement
pour tomber au fond de ma mémoire
et si j’ai de la chance,
il surnagera un peu plus longtemps
les souvenirs de ces vieux murs et de ces sommets verts
de ton sourire quand l’océan emplit tes yeux
et tout ce que j’étais venu chercher…

Voilà ce qui se bouscule dans ma tête
une tête de plus sur ce gros paquebot boursoufflé
ce gros mangeur de fioul et dérangeur de mers
qui me rappelle trop tout ce que l’on détruit.
Alors je me laisse encore un peu rêver
aux sentiers, à tes yeux, aux îles du Kerry
et à tous ces refuges qui sont nés des voyages,
que le temps embellit et défait.