Je veux écrire
Pour pouvoir lire quelque chose de nouveau
Pour lire dans les regards quelque chose comme
De l’admiration peut-être de la reconnaissance
la reconnaissance de quelque chose que j’aurais à donner
Je veux écrire pour me re-connaître
Pour avoir un meilleur aperçu de ce que j’ai dedans
On ne sait jamais ce qui peut sortir de soi
On ne sait jamais.
Alors voilà j’écris
J’écris que j’écris alors que j’ai si souvent dit
Ces poèmes qui parlent d’eux-mêmes
C’est chiant
Ces poètes qui ne savent plus écrire
Autre chose que raconter comment pourquoi ils écrivent
C’est chiant
J’écris quand même
Je cherche un thème
La soirée crêpe d’hier
Les sourires la chaleur les liens qui se créent
Je pourrais parler des crêpes
Mais tout le monde s’en fout
Je pourrais parler des liens
Mais je n’y arrive pas,
C’est le genre de chose qui te nargue
Tu le vois, tu sais que c’est là, juste là,
Mais la pile de mots n’est pas assez haute
Pour mettre la main dessus.
Il me reste le libre arbitre
En ce moment je pense pas mal au libre arbitre
C’est à dire : est-ce qu’on ne s’inventerait pas une volonté
Alors qu’en fait on serait piloté par notre cerveau
Qui serait piloté par un conditionnement
Qui serait piloté par une société
Qui serait pilotée par l’évolution
Qui serait pilotée par le hasard
Qui serait piloté par qui ?
C’est à dire : on ne peut pas vivre sans croire
Qu’on choisit ce qu’on fait
En tout cas moi je ne peux pas m’en empêcher
Et pourtant je suis persuadé que ça se passe ailleurs
Qu’on pense ce qu’on pense parce que
Parce que tout un tas de choses a abouti à la conséquence
Qu’aujourd’hui je ne peux pas faire autre chose
Que de penser ce que je pense
Que d’écrire ce que j’écris
C’est donc bien
De l’écriture automatique
Il n’y a pas d’auteur
Arrêtez le pilote
C’est un imposteur.
