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Arbre

Le Temps des Rêves

Derrière la fenêtre aux volets colorés
Où l’autre a accroché son petit potager
Quand un vent hasardeux fait voler les rideaux
On surprend quelquefois

Des enfances lovées genoux contre poitrine
Qui sanglotent au milieu de ce qu’elles ont brisé
Des chambres inondées où rampent des anguilles
Des espoirs fatigués qu’on a cloués au mur
Pour ne pas qu’ils s’abîment dans l’obèse trou noir
Qui mange l’atmosphère avec un sourire vide

Le regard se rétracte il ne voudrait pas voir
La lourde porte en fer dont les battants rouillés
Tremblent sous les assauts d’une bête blessée
Les orgies qui se jouent entre désirs coupables
L’armoire à pharmacie pleine de boîtes vides
Les éclats de verre sale couchés dans la cuisine

Le regard s’écarquille il a mal il a peur
Qu’on le surprenne ici qu’on ne le surprenne pas
Il veut fuir mais il sent autour de sa cheville
Le doigt humide et froid de l’obèse trou noir
Il frappe il hurle il court en sentant la brûlure
Il est dehors, il pleure, il se recroqueville

Au bord de la fenêtre le potager est plein
D’un bouquet de fleurs jaunes que l’autre a fait pousser
Une menthe poivrée diffuse ses parfums
Qui ne sont pas moins vrais.