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Arbre

Le Temps des Rêves

À nos victoires sans panache.

À nos défaites.

À nos matchs nuls.

À nos défaites.

Aux aubes qui meurent,
Aux crépuscules qui naissent.

À nos défaites.

À nos voyages sans aventures,
À nos aventures sans histoires,
À nos histoires sans intérêt.

À nos défaites.

À nos étés pluvieux,
À nos hivers sans neige,
À nos printemps sans fleurs
Et à nos automnes sans feu.
À nos années vides.

À nos défaites.

À nos rires idiots,
À nos larmes sans peine,
À nos joies surfaites.
À nos ivresses irraisonnables,
À nos passions irraisonnées.
À nos humeurs,
À nos colères,
À nos coups de menton.

À nos défaites.

Aux océans sans vagues,
Aux navires sans ports,
Aux marins sans terre.
Aux montagnes orageuses,
Aux vallées noyées,
Aux avalanches.
À nos idéaux.
Aux cités détruites,
Aux voies sans issue,
Aux ruelles sombres,
Aux boulevards éteints.
Aux parades militaires
Et au regard des autres.

À nos défaites.

À mon crâne dégarni,
À tes cheveux blancs.
À tes seins, à ma barbe,
À nos rides.
Au mouvement des planètes.
À nos absences, à nos rendez-vous manqués.
Aux mots que nous avons cherchés
Et nous n'avons pas trouvés.
À nos sourires forcés,
À nos regards fuyants,
À nos pas hésitants.
À nos mains qui se cherchaient
Et qui ne se sont pas trouvées.
À nos silences...
Qui voulaient en dire plus.
Aux paroles qui manquent.
À tout ce que l'on n'a pas su se dire.
À nos souhaits,
À nos espoirs,
À nos désirs,
À nos départs inassouvis.

À nos défaites.