(6 ans plus tard, je me pose le même genre de question, après avoir vu quelques vidéos de la chaîne "véganement", et je me suis rappelé de ce sujet)
En mode questions/réponses et en l'état actuel de mes connaissances, la version courte :
1) Est-il nécessaire de manger de la viande ?
--> Non. Diététiquement c'est faisable au moins pour les adultes (je ne suis pas assez renseigné pour la petite enfance), et pas trop dur (mettre des légumineuses pour les protéines (ou des oeufs si on est pas vegétalien), varier les aliments...), et même si jamais on fait n'importe quoi la médecine a les moyens de corriger les carences de manière très simple par une petite supplémentation (mais le mieux ça reste de pas faire n'importe quoi).
2) Est-il nécessaire de manger des produits d'origine animale (oeuf, lait) ?
--> Non, avec réserves. Il faut être plus rigoureux pour avoir sa dose de protéines (même si probablement qu'aucune étude ne parvient à mesurer la quantité de protéine effectivement absorbée par un vegan) et d'acides gras essentiels, et en cas de régime strict sur plusieurs années il faudra envisager une supplémentation en vitamine B12 (pas de source végétale efficacement absorbée connue à ce jour, je crois).
3)Est-ce que c'est mal de manger de la viande ?
--> Pour moi c'est mieux de ne pas en manger, avant tout pour des raisons environnementales : ça me paraît peu discutable de dire que c'est moins dépensier en énergie de manger la récolte d'un champs de blé plutôt que de faire manger à un boeuf dix champs de blé (edit après avoir vu "cowspiracy" : en fait dix champs de blé j'étais gentil, et je parle pas de dizaines de tonnes d'eau) pendant sa vie pour produire quelques kilos de viande. Et vu que ce n'est pas nécessaire de tuer des animaux pour les manger, c'est pas très sympa de le faire. En plus, comme ça on est sûr de pas cautionner des méthodes abattage douteuses (même si je sais, le principe de l’abattage est déjà douteux) ni toutes les conséquences en amont des méthodes d'élevage industrielles.
4)LE SPECISME : est-ce mal d'être spéciste ? (question qui permet de répondre à : Est-ce que c'est mal de tuer les animaux ? Est-ce que c'est mal d'exploiter les animaux (pour la laine, les oeufs, le lait, etc.)
--> Là je tombe sur un os. En effet, je pense qu'à ce stade je suis un spéciste modéré : je pense qu'il faut traiter au mieux les animaux (=ne pas être cruel si on peut s'en passer), mais si on me demande est-ce que c'est plus grave de tuer une poule ou de tuer un homme, j'opterai sans hésitation pour l'option numéro 2.
Or, ça ne me déplaraît pas de me dire : bon allez j'arrête de discriminer les animaux, moi j'aimerais pas qu'on m'exploite pour bouffer mon lait ou qu'on me vole mes oeufs, donc je milite pour qu'on arrête de le faire à d'autres.
Pourtant, je vois deux limites au non-spécisme :
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Est-ce que ce n'est pas de l'anthropomorphisme ? Est-ce qu'on ne projette pas sur une poule une souffrance et des besoins de petit humain qui se prend la tête avec son cerveau spécifique ? Est-ce qu'une poule bien nourrie bien soignée, même si elle a pas le droit de dépasser le grillage et même si on lui pique ses oeufs, elle n'a pas en fait une vie tout à fait satisfaisante pour une poule ?
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Où est-ce qu'on s'arrête ? Si j'estime que la vie d'une vache est éthiquement au même niveau que ma vie, et qu'il faut lui porter autant d'attention, ça reste à peu près gérable. Mais du coup si on étend à tous les animaux, je commettrais un crime quand j'attaque les fourmis qui viennent dans mon appart' ? Il faudrait que je regarde tout le temps où je marche pour être sûr de ne pas écraser d'insectes alors que j'aurais pu l'éviter ? Ou alors on se limite aux mammifères, mais du coup ça reste du spécisme, juste un peu élargi.
Parce qu'après, si on dit que tous les animaux ont le même droit à la vie, quid des acariens (ce sont des animaux) ? Quid des bactéries (elles savent communiquer, former une communauté...) ? Quid des plantes (qui ont un vrai système de perception voir de motricité) ? Doit-on accuser les vegans d'être "régnistes" parce qu'ils ne prêtent pas autant d'attention à la vie végétale qu'à la vie animale ?
Au final, je pense qu'on doit tous décider où est-ce qu'on met la barre de l'empathie, mais qu'on a pas le choix : il en faut bien une quelque part, et elle sera de toute manière arbitraire. (edit : après on peut déjà commencer par éviter de manger les animaux alors qu'on en a pas besoin, et se poser ce genre de questions philosophiques après.)
Qu'en pensez-vous ?