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Arbre

Le Temps des Rêves

C'est un village
Dans ce village, des maisons
Certaines sont pleines
D'autres vides
Un homme dans une maison
Une femme dans une autre
Un autre homme dans une autre
Et puis une autre femme
À chacun sa maison
À chacun son foyer
Passe le temps et coulent les rivières
Un jour, on se rend compte qu'on pourrait être deux dans une seule des maisons
On creuse un trou dans le grillage
On s'y faufile en robe blanche
On y emporte quelques meubles
On déménage on emménage
Ici passe une femme vers la maison d'un homme
Là passera un homme vers la maison d'une femme
Un peu plus loin un homme pour toute maisonnée
Tout près sans qu'on le sache deux femmes font un foyer
Et passe le temps et coulent les rivières
Un peu plus tard, un homme, seul dans sa maison
S'éprend de la maison à côté de la sienne
Car dans cette maison il y a une femme
Dont l'ombre sur les flammes ferait un beau foyer
Mais dans cette femme-là il y a déjà un homme
Habitant lui aussi dans cette maison-là
Et passe le temps et coulent les rivières
Sur le pas de la porte l'homme n'ose pas entrer
À chacun sa maison
À chacun son foyer
La femme tous les jours s'apprête à lui ouvrir
L'homme de la maison remplace la serrure
Une maison est vide l'autre pleine de pleurs
Partout pourtant l'amour
D'un homme à une femme
D'une femme à un homme
Un amour qui pourrait aller d'un homme à l'autre
Mais passe le temps et coulent les rivières
À la fin de l'histoire un de ces trois humains risque de s'en aller
À chacun sa maison
À chacun son foyer
Pourtant la femme sait que cette maison-là
Pourrait bien accueillir les deux hommes à la fois
Puisqu'avant que le temps coule sur les rivières
Aucune des maisons ne se savait capable d'accueillir à la fois un homme et une femme
Gageons qu'encore passeront le temps et les rivières
Et qu'un jour coulera l'amour sans frontières dans les rues du village