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Arbre

Le Temps des Rêves

Sur un terrain vague, une femme.
Dans cette femme, un terrain vague.
Sur le terrain vague, trois pousses d'herbe, un rosier flamboyant vieux de plusieurs années, des masses de gravats, un arbre dont la sève bat toujours et dont le tronc coupé suinte et scintille.
Entre les pétales du rosier, le souvenir d'un été somptueux, de ces saisons qui semblent éternelles et qu'on sait passagères. Un oiseau – on ne sait plus son nom – passe et disparaît. Il est encore là. On ne le voit plus, on l'entend chanter. Il raconte le temps où vivait une femme, les pieds enracinés dans la terre, les cheveux faits d'azur, le cœur à la fois fruit, bourgeon, fleur et fondation. Toute la journée, cette femme écoutait le vent et la foule de murmures qui voyage avec lui. Les oiseaux venaient faire leur nid sur son épaule, sous ses aisselles, derrière le pli de son genou, sous ses paupières, lorsqu'elle dormait.
Entre les décombres, un berceau. Ancien, avec une voilette en taffetas bleu. On n'a jamais vraiment su ce qu'il faisait ici. Il n'y a jamais eu d'enfant dans ce lieu-là, dans cette femme-là. Le berceau est toujours sous l’appentis de pierre à la nuance prêt que l'appentis de pierre s'est effondré depuis.
L'oiseau chante toujours. La femme est toujours là. Elle cherche la terre, l'azur, la forme de son cœur après l'orage. Les oiseaux l'ont désertée. Ils essaient de faire leur nid entre les gravats et dans les branches de l'arbre mort. Ça fait plusieurs jours. Le sol est jonché de nids, les feuilles tombent et des berceaux de paille poussent entre les ramures. La femme cherche. Elle fait des cairns avec les pierres. Elle met les pierres les unes sur les autres, un peu au hasard, en essayant de ne pas casser les œufs qui sont apparus dans les nids de fortune.
Sur un terrain vague, une femme.
Dans cette femme, un terrain vague.


L'ancienne version :

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Sur un terrain vague, une femme.
Dans cette femme, un terrain vague.
Sur le terrain vague, trois pousses d'herbe, un rosier flamboyant vieux de plusieurs années, des masses de gravats, un arbre dont la sève bat toujours et dont le tronc coupé suinte et scintille.
Entre les pétales du rosier, le souvenir d'un été somptueux, de ces saisons qui semblent éternelles et qu'on sait passagères. Un oiseau – on ne sait plus son nom – passe et disparaît. Il est encore là. On ne le voit plus, on l'entend chanter. Il raconte le temps où vivait une femme, les pieds enracinés dans la terre, les cheveux faits d'azur, le cœur à la fois fruit, bourgeon, fleur et fondation. Toute la journée, cette femme écoutait le vent et la foule de murmures qui voyage avec lui. Les oiseaux venaient faire leur nid sur son épaule, sous ses aisselles, derrière le pli de son genou, sous ses paupières, lorsqu'elle dormait.
Entre les pierres, un berceau. Ancien, avec une voilette en taffetas bleu. On n'a jamais vraiment su ce qu'il faisait ici. Il n'y a jamais eu d'enfant dans cette maison-là, dans cette femme-là. Le berceau est toujours sous l’appentis de pierre à la nuance prêt que l'appentis de pierre s'est effondré depuis.
L'oiseau chante toujours. La femme est toujours là. Elle cherche la terre, l'azur, la forme de son cœur après l'orage. Les oiseaux l'ont désertée. Ils essaient de faire leur nid entre les gravats et dans les branches de l'arbre mort. Ça fait plusieurs jours, maintenant. Le sol est jonché de nids, les feuilles tombent et des berceaux de paille poussent entre les ramures. La femme cherche. Elle fait des cairns avec les pierres. Elle mets les pierres les unes sur les autres, un peu au hasard, en essayant de ne pas casser les œufs qui sont apparus dans les nids de fortune.
Sur un terrain vague, une femme.
Dans cette femme, un terrain vague.