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Arbre

Le Temps des Rêves

Le printemps sera sans fleurs
dans le jardin désert
le gardien de leur enfance
est une majesté défaite

Pas un disque d’argent ne fera tinter ses branches
Aucune couleur, aucun aluminium ne volera parmi ses feuilles

Plus de feuille ni branche
Plus de cible pour les oiseaux voleurs


Déjà lointaines et vives leurs caresses
sur l’écorce malade
comme leurs souvenirs
du nuage blanc qui toujours fleurissait

Leurs mains condamnées à une autre impatience
dans le jardin d’hiver où seuls les oiseaux chantent
la même envie gourmande et vaine

Leur bec, leurs lèvres, tant de corps qui languissent
après le sucre et la saveur des fruits mûrs
en une même plainte, stridente ou tue


Imposante et solitaire
la souche que cernait le temps

Mémoire des souterraines
Elle mord et griffe à présent la terre

Toutes les racines qui couraient sans égard
Forment des cicatrices, inertes et seules


Novembre a laissé, déchiré çà et là,
un suaire de frimas devant les regards tristes —
devant le même espoir du cerisier en fleurs.