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Arbre

Le Temps des Rêves

Inutile de partir.

Je ne veux pas des voiles. Je ne veux pas des mers, ni du vent dans les plaines, ni de cet ailleurs dont j'ai contemplé tant d'images. Je me contente de petites choses. Un rire, une odeur. Une goutte de pluie. Le crissement des cordes sous mes ongles. Tu sais bien. Cette sensation qu'on a quand le métal annelé glisse et blesse la pulpe des doigts.
Il y a tant à voir, ici. Il y a tant à danser. Tends tes mains. Je veux sentir tes paumes se creuser, tes os se mettre en place. Ton souffle est le seul rythme et le feu de tes joues remplace tous les soleils.
Je voudrais te tenir contre moi comme on tiendrait un violoncelle, délicatement, en savourant les courbes du bois et le discret claquement des cordes. Ne sachant plus si c'est moi, ou toi, qui chante. Déluge des accords et sifflement des crins…

Et sur ta peau, une odeur de colophane.