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Arbre

Le Temps des Rêves

L'info aurait pu vous échapper, même si c'est un des titres de l'actualité de ce matin : le Directeur Exécutif d'Apple, Steve Jobs, a présenté sa démission au Conseil d'Administration de la société qu'il avait co-fondé en 1986 avec son ami Steve Wozniak.

Sujet à de graves ennuis de santé depuis plusieurs années déjà, on imagine sans peine que ce sont eux qui le poussent aujourd'hui à laisser les rennes de la deuxième plus importante société du monde en termes de capitalisation boursière à l'équipe de direction qu'il avait su constituer autour de lui, en laissant son poste à Timothy, dit "Tim" Cook, jusqu'alors Directeur Opérationnel Mondial.

Au-delà de ce que Jobs a représenté pour la communauté des utilisateurs de Macintosh et d'iDevices (iPod, iPhone, iPad), un visionnaire, un formidable VRP de ses propres produits présentés lors d'événements suivis religieusement par des millions de personnes, en direct ou en différé, j'aimerais seulement vous avouer aujourd'hui qu'avec Steve Jobs, je pense que c'est avant tout une certaine idée de la fonction de chef d'entreprise qui quitte Apple, un patron total, souvent décrit comme autoritaire, mais qui a su, en passant outre les effets de mode, faire et assumer des choix parfois cruels. Son dernier coup d'éclat en date est la décision ferme qu'il avait prise de ne pas supporter la technologie Flash (qui permet notamment d'intégrer des vidéos, et de créer des jeux en ligne comme ceux qu'on trouve sur Facebook) sur les iDevices (iPhone, iPad et iPod Touch), estimant - à juste titre - que cette technologie pompait horriblement les ressources des appareils, réduisait leur autonomie, et était particulièrement "plantogène".

Avant cela, l'abandon de la disquette sur le premier iMac, l'abandon du port série RS232 au profit de l'USB sur toute la gamme d'Apple, l'intégration contre vents et marées des Firewire 400 et 800 (qui ne sont plus présents et utilisés aujourd'hui que par les MacUsers), ou la conception d'un téléphone là où existait la technologie pour une tablette sont autant de choix que Jobs a réussi à faire, autant d'orientations techniques fermes qui ont conduit Apple dans une seule et même voie, concentrant ses équipes à la réalisation d'un nombre très limité de projets aboutissant à des produits unanimement reconnus pour leur design, leur fiabilité et les innovations technologiques qu'ils embarquent.

J'ai conservé et développé un sens critique aigu concernant les produits de la marque à la pomme. Ils sont loin d'être parfaits, et la dernière descente en règle vient du nouveau système d'exploitation d'Apple, sorti il y a à peine un mois, prometteur, mais hautement instable, donc inutilisable pour l'usage que j'en fais.

Seulement j'ai toujours considéré le patron qu'est Steve Jobs (et pas l'homme, qui a ses gros défauts lui aussi) comme un modèle, que devrait suivre certains autres grands patrons de ce monde. Pas parce qu'il a amené son entreprise au sommet, non, ça il ne le doit qu'à sa capacité d'anticipation, mais parce qu'il a su pendant plus de dix ans concentrer son entreprise sur son coeur de métier, développer une gamme de produits et de services extrêmement cohérente, ce que bien peu d'entrepreneurs aujourd'hui savent faire.

Chapeau, M. Jobs.