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Arbre

Le Temps des Rêves


(Silence)

LA MORT !!

(Silence)

Monstre informe !
Je te renie
Je t'abhorre, t'exècre, te bannis
Je t'interdis !

Tu n'es pas, ne peux pas être !
Je te refuse.

(Silence, étiré à l'envi par l'orateur)

Voilà ce que c'est que la mort !
C'est le silence, l'absence, le néant !

Oh, mais je ne te parle pas de ce qu'il y a après la mort.
Je ne le sais pas.
Je n'y suis pas encore allé.
Ce voyage attendra encore un peu.

Non, je te parle de ce que c'est que la mort,
De ce côté-ci de la frontière de la vie.

La mort, c'est
Cette voix qui se tait à jamais c'est
Cette présence qui disparaît c'est
Ce vide.
Au fond.
De ton cœur.

Tu ne savais pas, hein ?
Tu ne savais pas que du rien pouvait prendre autant de place dans ta vie.

Tu ne veux pas de leurs conneries philosophiques
Tu ne veux pas de leurs âneries religieuses.
Ce que tu veux, c'est
Qu'il revienne.

Ne t'en fais pas.
Le néant, le vide, le rien, ce n'est pas la fin.
Tu ne peux pas le remplir.
Ce trou noir dans ta poitrine, tes larmes ne feront que s'y perdre.
Mais on peut construire sur du vide.
Le vide, c'est ce qui nous tient tous ensemble.
C'est fort, le vide. C'est puissant.
Un peu comme toi.
Ce vide, il va t'agréger, te solidifier.
Quand tu te relèveras, il sera toujours là.
Mais il sera protégé, enveloppé, entouré.
Et tu pourras même y prendre appui.

(calme)
La mort...
Souvent, tu n'y peux rien.
C'est l'impuissance, aussi, alors ?

Quand elle frappe et qu'elle arrache,
Qu'elle griffe, qu'elle troue, qu'elle perce,
Tu ne peux pas t'en protéger.
Ou alors, pas longtemps.

Embrasse la douleur, nourris-la jusqu'à
Ce qu'elle soit repue, satisfaite.
Alors, elle s'en ira.

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