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Arbre

Le Temps des Rêves

La muse perdue

Par delà le temps et la nuit,
Au lointain de nos vents contraires,
Sur nos sables catilinaires,
Là, tu t'élances, tu t'enfuis.

Au lointain de nos vents contraires,
Tes ailes ploient l'ombre funeste,
Haine noire, indicible peste,
Messager de tristes enfers.

Sur nos sables catilinaires,
Sur les ruines de nos discordes
Où les mots et douleurs s'accordent,
Où ne pousse ni fleur ni lierre,

Là, tu t'élances, tu t'enfuis.
Muse perdue aux ailes d'or
Dont mes doigts désirent encore
Caresser la plume meurtrie.

Sur les ruines de nos discordes
J'ai bâti un temple de pleurs.
J'ai statufié nos malheurs
Dans ces flammes qui dansent et mordent.

Où les mots et douleurs s'accordent,
Oh, toi ! assassine mémoire
Tu emportes avec toi l'espoir
Agrippé au noeud d'une corde.

Où ne pousse ni fleur ni lierre,
Un Eden de cendre et de sang,
Car tu n'as pur trône indécent
Qu'une cage dans le désert.

Muse perdue aux ailes d'or
Dont le deuil ne sera comblé
Qu'à la nuit et le jour tombé
Dans les abysses de la mort.