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Arbre

Le Temps des Rêves

Trois mois plus tard

Les chantiers navals, qui avaient réquisitionné leurs meilleurs ouvriers pour la construction du petit navire qui devrait être le compagnon de voyage de la compagnie, avaient terminé leur travail. Assistés par quelques ingénieurs Elfes, les spécialistes des constructions maritimes avaient réalisé une embarcation de taille moyenne – soixante-dix pieds[1] – comportant deux mâts, un pont extérieur et une cale aménagée sous ce pont. Cette dernière pouvait accueillir quinze personnes, et les provisions nécessaires pour un voyage de quatre mois.
L’originalité des Elfes dans toutes leurs constructions s’exprimait à travers la figure de proue finement ouvragée, qui n’était autre qu’un dragon majestueux, étendant les ailes vers l’arrière, sur le bastingage. Dans un souci de discrétion, il n’avait pas été recouvert de dorures comme le suggéraient ses créateurs, mais était resté simple, en métal gris, les yeux d’émeraude seuls amenant une touche de couleur à cet animal immobile. La gueule ouverte, il semblait regarder vers l’horizon lointain, et guetter une quelconque menace. Sur son cou reposait un mât oblique, dirigé vers l’avant, sur lequel était fixée une petite voile, noire.
Le pont, long de cinquante pieds[2], était percé de deux écoutilles qui permettaient l’accès à la cale. Les deux mâts, dotés de voiles noires, étaient dressés juste au niveau de ces écoutilles. Le plancher au niveau de la proue était légèrement surélevé par rapport à la partie principale du pont. La cale était séparée en deux parties distinctes : la partie habitable, et celle dans laquelle les provisions étaient entassées, dans des coffres et des cartons.
La poupe abritait une petite cabine, au dessus de laquelle se trouvait le gouvernail. La cabine de poupe, percée de deux fenêtres, était assez spacieuse pour y installer une bonne partie de l’équipage autour de l’unique table du navire. On y accédait par une porte qui donnait directement sur le pont, proche de l’écoutille arrière. Le gouvernail, enfin, surélevé par rapport au pont de la hauteur de cette cabine, était accessible par un escalier de chaque coté du pont.
A sa manière, le bateau ressemblait à ces frégates militaires pouvant transporter une garnison entière, mais en était une bien piètre imitation au regard des dimensions. Beaucoup plus petit, il était taillé pour la vitesse et la discrétion, pour une mission bien spécifique et périlleuse. En un mot, il était parfait.

(Vous en pensez quoi ?)