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Arbre

Le Temps des Rêves

Je trouve que ton texte sonne bien et qu'il a une certaine atmosphère. Mais il a tendance à "glisser" sur moi : les images s'enchaînent de manière plutôt fluide mais cela manque de rupture dans le rythme (peut-être trop de césures à l'hémistiche ?) et de surprises dans le sens pour réussir à me marquer vraiment. En ce qui concerne le sens, d'ailleurs, ce que j'en ai compris est joli mais ça reste assez flou, et j'ai eu du mal à identifier le narrateur (la lune ?). Je l'avoue humblement, je n'aime pas (plus) devoir faire des efforts pour comprendre un poème, je n'ai donc pas réellement cherché à saisir ce que tu voulais dire mais je me suis simplement laissé porter. Ton style soutenu est souvent assez élégant même s'il y a aussi quelques maladresses et que ce n'est pas le genre de style que j'apprécie le plus.

Quelques remarques :

"Exhibais mes ailes naguère mutilées"

--> Pour faire l'alexandrin il faut lire "Exhibais mes ailes naguère mutilées, et le "e" à l'hémistiche alourdit énormément le vers, je crois qu'on n'est pas censé le faire en poésie classique.

"Cependant ce jour là, le cœur emplit de fiel,"

--> Le "cependant" n'est pas utile en tant que lien logique à mon avis, on a l'impression qu'il est là juste pour remplir le vers et c'est dommage.

J'ai trouvé aussi qu'il y avait trop d'inversions dans ton texte. Le premier vers, surtout, nous envoie deux inversions d'un coup dès le départ et diminue mon seuil de tolérance pour la suite.

"Courrait dans les fourrés le diaphane élément
Qui fuyait son seigneur, le présomptueux soleil.
Plongeant sous les feuillés, il râlait faiblement
Des mots contre son joug, son nébuleux sommeil.

Et moi je m'échappais entendant les cerbères
Hurler à ma suite, dans de lointains abois
Comme pour m'inviter, dans l'auguste tanière
Que, délié, je fuyais, perçant à travers bois.

Je bondissais, volais au dessus des fourrés,
Exhibais mes ailes naguère mutilées
Par mon noir gouverneur, mon geôlier abhorré
Qui jadis me retint au champs des exilés.

Cependant ce jour là, le cœur emplit de fiel,
J'allais vers l'horizon brèche entre terre et ciel."


Sinon, j'aime bien ton dernier vers !