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Arbre

Le Temps des Rêves

Rupture

Plongé dans mes passés j'ai fini par m'noyer.
Nostalgie d'une vie mal saisie, mal menée
Sur les braises et les dans flammes que tu attises.
J'ai sombré avec elles sous les litres de tise.

On m'avait parlé d'toi un soir avec des potes.
La vie m'avait largué, j'me sentais comme une ancre
Qui coule au fond de l'eau, j'me faisais un sang d'encre
A propos d'mon futur qui d'vait r'monter la côte.
De l'espoir plein les poches, j'ai saisi l'occasion.
Il fallait que j'm'accroche pour sortir de mon trou,
Pour revoir la lumière et me tenir debout,
Et marcher haut et fier, les yeux sur l'horizon.
J'ai pas perdu mon temps avant de te parler.
Un coup d'fil au matin pour qu'on fixe un rencart.
J'n'avais plus qu'une hâte, j'ne voulais que te voir,
Prendre un nouveau départ et enfin y'arriver.

Plongé dans mes passés j'ai fini par m'noyer.
Nostalgie d'une vie mal saisie, mal menée
Sur les braises et dans les flammes que tu attises.
J'ai sombré avec elles sous les litres de tise.

T'as peut-être oublié ce premier rendez-vous.
Déjeuné au resto dans une rue de Paris
A parler des études, des hobbys, de la vie,
A se dire tous les deux qu'on serait un bon coup.
J'm'étais bien préparé pour que tout soit parfait.
Rasé court, parfumé, mon costume, un sourire,
Quelques phrases par cœur pour contrer tes soupirs.
J'étais même arrivé avant l'heure estimée.
Tu m'as vite avoué qu'on allait bien s'entendre,
Qu'on avait tous les deux un av'nir florissant.
A l'époque j'voyais pas que s'tissait dans tes plans
Un ultime nœud coulant dans lequel j'allais m'pendre.

Plongé dans mes passés j'ai fini par m'noyer.
Nostalgie d'une vie mal saisie, mal menée
Sur les braises et dans les flammes que tu attises.
J'ai sombré avec elles sous les litres de tise.

On s'est lié l'un à l'autre pour mieux avancer,
Cumuler nos efforts pour des montagnes d'or.
On n'se couchait parfois qu'au retour de l'aurore
Pour qu'enfin nos projets deviennent réalité.
Il faut dire qu'avant toi j'n'avais pas d'expérience.
Pas une seule relation, ni sérieuse ni brève.
T'étais ma première fois pendant trente ans de rêve
Sans un mot plus haut qu'l'autre, pas une seule méfiance.
Nos sueurs et nos rires, comme un pain quotidien,
Nourrissaient mon désir de rester avec toi.
J'pouvais pas rêver mieux que c'que j'avais déjà
Avant qu'tu claques la porte sur nos lendemains.

Plongé dans mes passés j'ai fini par m'noyer.
Nostalgie d'une vie mal saisie, mal menée
Sur les braises et dans les flammes que tu attises.
J'ai sombré avec elles sous les litres de tise.

T'es venu un matin frapper à mon bureau
Me dire qu'c'était la fin, que j'remballe mes affaires.
Que c'était pas ta faute, t'avais rien pu y faire
De pas être plus rentable qu'une conn'rie de robot.
Je suis seul, dans la merde, les crédits et l'alcool,
A crier sur les murs et m'écorcher les mains,
A maudire ton nom et m'éclater les reins.
Tant d'efforts et d'travail en un jour qui s'envolent.
J'en ai marre, j'en peux plus, j'tiendrai pas plus longtemps.
J'vais payer la facture sous le poids des bouteilles
En priant comme un con pour qu'jamais j'me réveille,
Pour que ma vie s'achève dans ce licenciement.

Plongé dans mes passés j'ai fini par m'noyer.
Nostalgie d'une vie mal saisie, mal menée
Sur les braises et dans les flammes que tu attises.
Je m'éteins avec elles sous les litres de tise.