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Arbre

Le Temps des Rêves

Je ne vois plus les couleurs.
Il manque du cyan, du jade et du grenat dans ma vie.
Un peu de feu, et un peu de chaleur aussi.

J'vois mon environnement en monochrome.
Du gris. Peu de blanc et beaucoup de noir.
Je crois que cette histoire est en train de se teindre en soir.
Je crois que cette histoire est en train de s'éteindre ce soir.
C'est noir.
Tout est noir.
Puisque tu pars.

Je ne vois plus le temps.
Il n'y a plus de soleil, plus de pluie ni même de vent.
Juste un blizzard en forme de tornade
Qui vient de me retourner le ventre.
Les minutes durent plus longtemps,
Elles durent tellement
Que je les envoie faire lanlaire
Chez les journées qui n'en finissent pas
De traînasser leur hiver.

Il ne restera plus rien,
Tu comprends.
Ici et même nulle part
Parce que tu pars.

Alors, nous allons mourir.
Si ce n'est pas déjà fait.
Tu me tues.
Et je me tais.
Parce tu nous as tué.
Et je suis mort !
Enfin, je crois.
C'est l'hiver et je suis mort de toi !
Car tu t'es tuée pour moi.

Mais toi, tu y crois !
Tu crois à la vie.
À ce qu'elle nous a donné.
À ce qu'elle nous a pris.
Aux hommes qu'elle délivre
Et aux autres qu'elle enferme,
Et tu leur cries
À eux et à moi
Qu'il faut tenter de vivre !

Je t'aime.

Alors, dis-moi.
Puisque tu pars.

C'est quoi ces manies.
C'est quoi cette incohérence !
C'est quoi cette arrogance !
C'est quoi cette insolence !

Ces réponses que tu offres
À ces appels qui me dérobent à toi.
Ces chimères que tu dessines
Très loin, très loin de moi.
Je sais.
C'est la lueur opaline.
La lumière que tu ne vois pas.
La promesse que nous avons oubliée au détour d'un méandre.
La preuve que nous avons déchirée un soir d'hiver.
La photo sépia de nous deux en train de se ternir.
L'évanescence de nos mains en train de se tenir.

Alors vas-t-en, vas-t-en !
Puisque tu pars.

Mais pense à revenir,
Je crois que je t'attendrai.