"C’est l’un des rares endroits où l’on peut encore voir cela."
Un jeune et un moins jeune discutent.
Je ne les connais pas.
Le jeune est assis sur un rocher, un genou plié contre son torse. Il a le teint halé, un t-shirt et un short de bain. Un surfeur? Des cheveux chatains tirant sur le blond, longs, bouclés avec quelques dreadlocks, une brindille dans la bouche, les pieds nus. Un hippie? Clichés… Je ne le connais pas.
"C’est l’un des rares endroits où l’on peut encore voir cela."
Le moins jeune est debout à coté, un béret sur la tête, un pantalon de velours, un pull à carreaux, des chaussures en cuir. Un retraité? Il a le regard bienvaillant, de la chaleur émane de son sourire, ses rides reflètent la joie et la sagesse d’une vie bien remplie. Un grand-père? Clichés… Je ne le connais pas.
"C’est l’un des rares endroits où l’on peut encore voir cela."
Les deux sont tournés vers l’océan, les yeux au loin. Un communion silencieuse opère entre eux. Deux étrangers qui profitent de l’instant, sur une plage où jouent des enfants dans le soleil couchant. Le sable fin commence à leur recouvrir les pieds.
"C’est l’un des rares endroits où l’on peut encore voir cela."
Je passe à coté d’eux. Ils ne me voient pas mais j’ai l’impression qu’ils me sourient. Ils sourient au monde. La journée se termine mais pas le ressac ni la beauté de cet endroit.
"C’est l’un des rares endroits où l’on peut encore voir cela."
Mickaël Landès
Le 4 juin 2014
