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Arbre

Le Temps des Rêves

J'aime bien l'image du bateau. Je suis tout a fait d'accord avec ce que tu dis. S'abstenir de voter, c'est quelque part dire effectivement "je m'en fous, faites ce que vous voulez je ne me sens pas concerné". Mais ça c'est dans le cas d'une abstention disons inconsciente, qui n'est pas motivée. C'est une abstention que je ne défends pas.

Cependant, celle que je défends, c'est l'abstention qui se réfléchie. Qui prend parti du sans parti. Effectivement, on peut se sentir apatride, se dire émancipé du pays dans lequel on vit, pourtant on profite et subit ses institutions. On a tendance à gueuler quand quelque chose ne fonctionne pas et à ne jamais dire merci quand "tout va bien" (et ça arrive !). Le système aide ! Mais on a rien sans rien n'est ce pas ? (je vais pas m'étaler là dessus c'est autre chose).

Alors je pense que l'abstention peut être justifiée à partir du moment ou elle n'est pas un moyen de revendication, de révolte personnelle. Et c'est le devoir de tous citoyens d'accepter cela (on pourrait tourner en rond avec ce genre d'argument, je sais bien). Je veux dire que n'est pas de la passivité, ni de la soumission. Mais de l'acceptation. Je pense que c'est une tentative de raisonner en dehors de la relativité, de la norme.
C'est une manière de penser son quotidien, sa vie dans l'Institution avec ses avantages et ses inconvénients avec certes, peut être bien un sentiment de fatalité qui dirait: "de tout façon qu'est ce qu'on y peut". Mais ça, c'est humain. De même que celui qui vote à l'impression de pouvoir changer quelque chose ou du moins il y aspire, celui qui ne vote pas à le sentiment de ne pouvoir rien changer, mettons. Celui qui ne vote pas prend le parti de ce qui lui sera donner de toute façon. Et il avisera. Il choisit de le faire. A partir de là, il n'a pas a se plaindre. Au contraire, il doit tout faire pour comprendre ce qui se met en place afin de vivre avec.

Pour ce qui est des combats menés sur terrains politiques, je pense que c'est justement parce qu'on est au milieu du champs de bataille qu'on ne peut pas juger. Il n'y a pas de combat injuste concrètement (et il n'y en a pas de juste). Chaque soldat porte une cause et en est fier (en général). S'il fait la guerre, c'est justement parce qu'il pense que sa cause est plus juste que celle des soldats qu'il affronte.

(Pour les fans du seigneurs des anneaux, ça me fait penser à ce que Faramir dit à Frodon lorsqu'ils se voient pour la première fois (dans le film). Un guerrier ennemi tombe à leur pied et Faramir dit quelque chose comme: Son sens de l'honneur et du devoir n'était pas moindre que le votre. Ca illustre bien l'idée je crois)

Après l'abstention peut être le choix, l'acceptation de voir qu'une chose nous dépasse. La politique, on en connaîtra jamais le fond. La forme est déjà difficile à percevoir. Et je ne sais pas vous, mais lorsque l'on a un caractère méfiant (le terme est un peu fort là), quand on constate qu'il est déjà difficile de faire confiance aux gens qui nous entourent, qu'ils nous paraissent prêts à n'importe quoi, à trahir la confiance ou peu importe. Faire confiance à un mec ou une femme qui veut diriger le pays et qui n'en vaut pas plus qu'un autre, c'est encore plus dur. C'est comme une loterie géante. Tu participes et tu sais pas ce que tu vas gagner. Tout ce que tu sais, c'est que quoi qu'il arrive, tu ne seras pas vraiment le gagnant. Personne ne peut savoir ce qu'il y a de mieux pour toi.

J'en viens à ta citation qui a du vrai. La politique s'intéresse à ceux qui ne s'intéresse pas à elle. Mais elle n'a pas le choix. La politique étudie la masse et agit en fonction. Ca pourrait être l'art de la compréhension de la masse. Elle applique des lois, des codes, des aides, des restrictions, pour la masse. Du coup ça touche ceux qui ne s'y intéresse pas.

C'est ce qui me fait dire que tous ces combats sont différents, inégaux et un peu vicieux sur les bords. Si toutes les politique visaient à satisfaire LA masse au grand complet, ça serait plus ou moins juste et équitable. Mais ce n'est pas le cas. Les politiques divergent et veulent surtout le bien d'une masse en particulier (sans pour autant vouloir le mal d'une autre).

Par conséquent, nous, soldats, nous jouons au jeu de la guerre et du hasard. On participe à cette grande loterie (et ce n'est pas vraiment une métaphore là...) mais au final ce qui en ressortira, ce n'est que la conviction d'une partie de ce qu'on appelle république (merci d'avoir fait la différence sur république / démocratie, je n'aurais pas pu l'expliquer). La voix du peuple prend sa première raclée au moment même ou un élu prend sa place.

Face à ça, l'abstention (pas au sens "je m'en fou"Clin d'oeil est un moyen de revenir à soi, de comprendre ce qui nous entoure au quotidien avant de prétendre voir à l'échelle de l'autre. Notre devoir de citoyen, ou plutôt d'être humain vivant en société est de vouloir pour l'autre ce que l'on veut pour nous même, c'est la base de la morale qui régit nos sociétés, nos lois (logiquement). Qui vote dans l'espoir qu'un autre puisse être heureux ? Le vote n'est-il pas une conviction personnelle et même secrète ?


(désolé si je m'éloigne un peu du sujet par moment)